iakin 22 mars 2011 16:39

"Il me semble clair que l’action des comploteurs est rendue possible par une sorte de consentement tacite de la population à gober des croyances confortables. Il serait très difficile de berner des gens particulièrement vigilants et farouchement amoureux de la vérité."
 
Je crois qu’il y a une sérieuse erreur, tout de même, à penser que la population consente à gober n’importe quoi... que les gens en général ne sont pas vigilants. C’est qu’aujourd’hui être "amoureux de la vérité" demande vraiment énormément de temps et de persévérance. Il me parait nettement plus simple de constater qu’il y a une telle pression sociale que nous n’avons ni le temps ni l’imagination pour réagir parfaitement à ce qui se passe autour de nous, et que même lorsque nous le trouvons nos efforts se déploient surtout dans le sens de notre intérêt particulier, ne serait-ce que parce que trouver l’intérêt général nécessiterait encore bien plus de travail, que le bénéfice en est d’autant moins sûr, et qu’il nous est possible de couvrir tout ça d’une certaine foi.
 
"Il nous parlent simplement de banquiers cupides qui veulent s’enrichir au-delà de toute mesure. Rien de bien difficile à imaginer !"
Ce que je lui reprocherais c’est justement de centrer les problèmes sur des personnes et l’impact qu’elles ont sur la société, plutôt que de faire l’inverse et de chercher à décortiquer les raisons structurelles qui font que des hommes particulièrement cupides se retrouvent à avoir un tel pouvoir qu’ils peuvent écraser des personnes élus démocratiquement par exemple.
Je trouve cela aussi simpliste de laisser entendre que rien ne leur résistent et qu’il y a d’un côté les floueurs et de l’autre les floués.
Je ne suis d’ailleurs par surpris qu’il en arrive ainsi à l’idée du tirage au sort.
Selon mon point de vue, ce n’est pas parce qu’on tirera les gens au sort qu’eux et nous, nous nous soucierons plus de l’intérêt général que des personnes élus.
Tandis que Chouard ne voit apparemment pas les choses comme ça... cette vision de la société minorité d’escrocs / majorité d’escroqués l’influence sans doute.
 
"Je crois qu’il est préférable de poser comme préalable que les hommes sont tous faillibles et qu’un système d’organisation politique raisonnable doit avant tout inclure des correctifs et des ajustements plutôt que de miser sur des hommes providentiels ou sur une technique parfaite de sélection. Et il me semble que Chouard insiste suffisamment sur la nécessité de surveiller les représentants, justement parce que l’on ne s’adonnera pas à l’illusion de leur super-compétence."
 
Et je suis d’accord sur le principe, mais dans les faits... est-ce que vraiment nous avons encore l’illusion de la super-compétence des politiciens professionnels ? et est-ce que nous n’aurons pas une certaine naïveté face à des gens qui nous ressemblent ? La question peut être posée...
 
Ensuite je pense qu’effectivement il faut surtout se pencher sur les moyens de corriger et d’ajuster la faillibilité des hommes. Mais pour cette raison là justement je pense que la question d’une refonte des médias par exemple est sans doute plus importante encore que la les modalités de rassemblement d’une Constituante.
On en arrive rapidement aux principes même de la République :
Pour que le peuple puisse gouverner, il faut un espace public dans lequel il puisse s’exprimer, écouter, débattre et être informé. Il faut de même qu’il soit émancipé de l’obscurantisme, et des pressions économiques. On en est loin... et je ne pense pas que c’est en tirant des gens au sort parmi nous que ça va vraiment changer la donne. En tout cas ce n’est peut-être pas par là qu’il faudrait commencer.
 
Henri Maler, dans une conférence pour le Parti de Gauche faisait une proposition intéressante il me semble :
http://www.dailymotion.com/video/xfzygb_henri-maler-un-service-public-des-medias-y_news
Il propose l’institutionnalisation d’un pôle public des médias comme 4ème pouvoir indépendant, financé uniquement par un impôt progressif, avec un fonctionnement interne démocratique.
Mélenchon lui propose que le directeur des programmes des chaînes publiques soit élu au suffrage direct.
Je pense qu’il y aurait des trucs à creuser dans ce sens là.
En tout cas c’est le seul parti que j’ai entendu faire des propositions au sujet des médias, les autres ont l’air de trouver ce qui se passe tout à fait normal...


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