jeudi 30 mai 2013 - par Éric Guéguen

Hommage à Nathanaël Dupré La Tour

Nathanaël Dupré La Tour était de ces nouveaux philosophes politiques, jeunes et prometteurs. Concient des enjeux et défis du monde actuel et néanmoins attaché à la sauvegarde d'une certaine forme de tradition, il se disait volontiers conservateur au sens d'Oakeshott.

 

 

Père de trois enfants, Nathanaël Dupré La Tour est décédé brutalement la semaine dernière, dans un accident, à l’âge de 35 ans.

 

De Nathanaël Dupré La Tour, aux Éditions du Félin :

Au seuil du monde

L’instinct de conservation



15 réactions


  • Nora Inu Nora Inu 30 mai 2013 14:40

    Bonjour Eric ,

    merci pour cet article .

     

    Je vous avoue que je ne connais pas Oakeshott .

     

     

    Auriez-vous un texte à me conseiller pour comprendre son "conservatisme" , ou plus simplement son point de vue ?

     

    A propos de la vidéo :

    le contradicteur de Nathanaël Dupré La Tour est porteur d’un tel sophisme , d’une telle vérité officielle , que j’ai eu du mal à ne pas relâcher mon déjeuner ...

     

    L’évacuation du cas Kadhafi est tellement symptomatique de ce Novlangue moderne .

    La LQR ... j’avais mis un article à ce propos ...


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 30 mai 2013 20:12

      @ Noa Inu :
      ------------
      Livre rapide à lire, chez le même éditeur que Dupré La Tour : Du conservatisme.
      Je me permets de faire la pub du Félin car je connais bien cet éditeur, ce n’est pas le plus présent sur les étals de la Fnac, mais il a toujours le souci de la qualité.


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 30 mai 2013 20:13

      "Nora", pardon.


    • Nora Inu Nora Inu 30 mai 2013 21:32

      Merci Eric ,

       

      je ne connais pas trop les étals de la fnac , mais il y a une bonne librairie dans mon bourg .

       :)


  • Nora Inu Nora Inu 30 mai 2013 15:05

    Sur l’Odyssée .

    Il est presque trop facile d’en parler comme de l’archétype de la Nostalgie .

     

    Cet instant où Ulysse aperçoit la côte d’Ithaque ...

    Soit .

     

    Mais , sans vouloir être monomaniaque , le sujet final de ce texte - pour moi - n’est pas la nostalgie .

    Ulysse ,

    après le débarquement où personne ne le reconnait , après l’entrée de son palais où personne ne le reconnait , après la confrontation où ni ses ministres , ni ses généraux , ni son fils , ni sa femme ne le reconnaissent ...

    Il n’y a qu’un vieillard presqu’aveugle et sourd qui vient vers lui et le reconnait , pour qu’il soit à nouveau lui-même .

     

    Cet aveugle , symbole de la mémoire et de la fidélité ... Argos ...

    Humain , trop humain ?

     

    Sujet non-négligeable à mes yeux .


  • QaviQeQuarQo davideduardo 30 mai 2013 17:17

    tres bon, un bon debat a l ancienne (justement) sas couper la parole toute les 30 seconde !


    je pense a peu pres pareil que ce nathanael, ce qui rejoind le debat que l on avait eu l autre jour :

    Le aufhebung de hegel, sorte de depassement englobant, qui detruit a partir du passé tout en le conservant.
    Qui donnerait un conservatisme intelligent.
    entre le consevatisme destructeur de l extreme droite qui refuse toute modernité et la gauche qui diabolise tout le passé.

    Quoi de plus normal dans une société en crise de regarder en arriere póur s en inspirer, quand justement il n y avait pas de crise ?



    • L'Andalou L’Andalou 30 mai 2013 17:53

      D’ailleurs, ce qu’il faut noter, c’est que dans les deux vidéos publiées par Eric Guéguen aujourd’hui, il est question de Hegel.
      Dans l’autre (qui est un audio France culture), il n’est pas question de la colonne vertébrale de sa pensée mais de son côté sulfureux (débat Guaino/Roselmack).
      Dans celle-ci, on entre plus dans le détail en abordant l’aufhebung : concept centrale de la philosophie contemporaine.
      Les débats de la chaîne KTO sont assez bons. J’ai déjà visionné un débat sur la poésie et la place de la littérature (dans l’ère du numérique).


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 30 mai 2013 20:04

      @ L’Andalou :
       smiley
      -----
      @ davideduardo :

      Je ne connais pas suffisamment l’Aufhebung pour lancer le débat. En revanche, ce que j’ai lu de Hegel me permet de déceler en lui un souci de concilier l’ancien et le moderne, les bons côtés des communautés closes et l’apport des sociétés ouvertes, le besoin économique dans un cadre politique prégnant, les revendications individuelles et le rôle imprescriptible de l’État.


    • QaviQeQuarQo davideduardo 30 mai 2013 20:40

      a vrai dire je ne connais pas trop non plus, j avais essayé de le lire il y a quelques années, mais j avoue que j ai trouvé sa pensée un peu hermétique, difficelement compréhensible avec tout ses néologismes justement.


      Mais je trouve interressant ce concept d aufhebung, meme s il parait contradictoire a premiere vue, a se nourrir d antonymes dans sa définition, il est je pense le remede a la pensée partisane, extreme, aux modeles d idées arretées que l on a tendance a tous emprunter.

      Une sorte de voie du milieu....


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 30 mai 2013 20:51

      Oui, une "médiété" dirait Aristote, que Hegel a lu et relu.


    • O Scugnizzo O Scugnizzo 30 mai 2013 21:54

      Merci pour le débat, très intéressant, qui m’a poussé à commander le petit livre que vous avez vanté un peu plus haut, notamment pour comprendre la différence (ou peut-être compléter) entre Tradition chez Guénon et conservatisme dont il est question ici.


      L’Aufhebung n’est-il pas fruit de la dialectique hégélienne (une thèse, une anti-thèse, une synthèse faisant office de nouvelle thèse etc) ? Je me suis penché sur Hegel dernièrement suite à la lecture de Marx mais c’est assez indigeste (surtout après s’être avalé Le Capital en deux langues différentes). La dialectique matérlaliste est assez simple à comprendre, mais chez Hegel elle me semble plus idéaliste, ou idéelle. Mais ici l’Aufhebung me semble être le résultat possible du passé - ce qui a été - (thèse) et du futur - ce qui pourra être - (anti-thèse) pour penser ce qui peut être.

      Dans tous les cas c’est un concept intéressant qu’effectivement la gauche authentique devrait étudier, car l’émancipation sans cesse prônée des liens communautaires n’aboutit pas à une émancipation intellectuelle, mais à une difficulté à se définir se traduisant par une soumission totale au Marché. C’est la sainte alliance libéral-libertaire, où l’intimité de l’individu entre dans la circulation des biens et des marchandises.

      Ca illustre en tout cas la perte qualitative que de ne plus considérer la philosophie en tant que pratique centrale dans notre éducation.

    • Éric Guéguen Éric Guéguen 30 mai 2013 22:41

      @ O Scugnizzo :
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      Merci pour votre commentaire éclairant.
      Comme je le disais plus haut, je suis un peu démuni concernant cet aspect de la pensée de Hegel. Mais une chose est sûre, je vais pouvoir creuser, grâce à cet échange.
      De manière générale, et pour compléter ce que je disais ailleurs, et là également, je trouve assez injuste le sort réservé à Hegel depuis quelques décennies. On a le tort de faire porter à certains auteurs la responsabilité de crimes commis plus ou moins directement en leur nom des années après leur mort (le totalitarisme et la toute-puissance de l’État en l’occurrence).
      ----------
      Quant à la gauche, il y a tellement de choses qu’elle devrait revoir dans son panthéon...
      Lordon et Michéa sont deux vrais mecs de gauche, cohérents, intelligents, conscients que l’on ne peut pas tout avoir, qu’il faut savoir choisir ses priorités et s’y tenir. Choses que la gauche, dans son ensemble, ne fait plus depuis belle lurette ! Elle qui voudrait les libertés ET l’égalité, l’égalité ET la diversité, la diversité ET la solidarité, la solidarité ET l’ouverture des frontières, l’ouverture des frontières ET, etc.
      J’avais dressé ce bilan à charge ailleurs :
      La gauche aimerait chanter les louanges de l’individu... tout en déplorant l’individualisme auquel elle participe  ;
      La gauche conspue le capitalisme sans frontières... tout en œuvrant pour l’abaissement de celles-ci dans l’extase de la fraternité planétaire ;
      La gauche tire à boulets rouges sur l’emprise du marché... tout en affichant plus qu’aucune autre sur ses banderoles "le pouvoir d’achat, y’a que ça de vrai" ;
      La gauche orchestre (et instrumentalise) la lutte contre le racisme à l’encontre des minorités ethniques... et se trouve fort dépourvue lorsque celles-ci s’étrillent entre elles ;
      La gauche abhorre la religion... et fait, sans vergogne, du culte de l’homme par l’homme le credo des temps modernes ;
      La gauche vomit le capitalisme lorsqu’elle est dans l’opposition... et s’y vautre sitôt que les urnes l’ont portée au pouvoir ;
      La gauche aura tout donné pour détruire l’idée de nation... et s’offusque que les plus riches s’expatrient sans plus de patriotisme et de fraternité ;
      La gauche idolâtre la démocratie et les droits de l’homme... et perd pied lorsque la première se prononce à l’encontre des seconds ;
      La gauche chérit la liberté, l’égalité et le cul de la laitière... et trépigne de devoir constamment, de deux biens, délaisser le moindre.


    • QaviQeQuarQo davideduardo 30 mai 2013 23:11

      Tres bon résumé des contradictions de la gauche francaise squizophrene.


  • diogene2synapses diogene2synapses 31 mai 2013 00:58

    Mouais ils confondent nostalgie et expérience, c’est plutôt moyen :) même si les 2 peuvent se chevaucher d’une certaine maniere


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 31 mai 2013 07:55

      @diogene2synapses :
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      Bonjour à vous et merci d’être passé.
      Nostalgie, expérience, est-ce vraiment si éloigné l’un de l’autre ?
      Entre les deux, n’y a-t-il pas la tradition, s’appuyant sur la pérennité de l’expérience de nos prédécesseurs et avec laquelle nous entretenons un rapport sentimental, donc nostalgique lorsqu’elle semble négligée ?
      L’hymne spartiate, comme disait Renan, pourrait être celui de toutes les nations :
      "Nous sommes ce que vous fûtes, nous serons ce que vous êtes". Il consacre l’épreuve du temps.


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