mardi 26 mai 2020 - par Orwell

L’injonction au débat - LBM 87

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Le débat devient un principe qu’il faut respecter absolument et sans condition, un impératif catégorique, voire un dogme. Refuser un débat est devenu synonyme de lâcheté, de sectarisme ou d’intolérance, la preuve par quatre qu’on n’a pas d’arguments à défendre et qu’on a tort. Pourtant, il faudrait définir ce qu’est un débat car le principe du débat est lui-même sujet à débat. La conception libérale du débat est une discussion entre interlocuteurs exposant des idées opposées sur un sujet donné et au cours duquel s’oppose deux rationalités qui auraient à se convaincre. Mais le débat est-il dissociable des conditions du débat et de règles discursive encadré par une éthique ?

Notre position est qu’il faut être d’accord sur certains fondamentaux pour que le débat en soit un, autrement c’est un pugilat. Considérer le débat comme un combat ou un duel est s’inscrire dans un rapport de force et de compétition duquel se dégagera un gagnant et un perdant. Pour vaincre tous les coups sont autorisés : chercher à humilier les interlocuteurs par des astuces rhétoriques minables, se servir d’outils rhétoriques abusifs, faire des attaques personnelles pour discréditer ses opposants et donner l’impression de dominer etc. Débattre naïvement sans connaitre ces procédés, c’est se condamner à se faire piéger par les tours de passepasse rhétorique des interlocuteurs mal intentionnés.

Ce qui se dissimule derrière les injonctions au débat qui n’ont rien de démocratiques, c’est le culte de la force, de la démagogie et des sophismes défendu aujourd’hui par l’extrême droite. L’extrême droite prétend être pour le débat mais lorsque la situation n’est pas à son avantage politique, rhétorique et stratégique, elle n’applique pas ses grands principes, elle ne veut pas échanger des idées pour en sortir mutuellement grandit et ne se soucie guère de la vérité, elle est opportuniste et ne cherche qu’à faire gagner son camp en détruisant les camps ennemis car son idéologie se fonde sur le culte de la force : pour elle, écraser physiquement et psychologiquement un adversaire est synonyme d’avoir raison. L’extrême droite n’est pas ouverte à la critique bien qu’elle passe son temps à être elle-même très critique, elle n’utilise pas les outils d’une personne respectueuse de son interlocuteur mais des armes rhétoriques particulièrement agressives qui poussent à la joute verbale. Selon le principe d'asymétrie des idioties ou loi de Brandolini, la quantité d'énergie nécessaire pour réfuter des idioties est supérieure à celle nécessaire pour les produire. Il en ressort que la désinformation a un avantage important, rétablir la vérité étant particulièrement coûteux. L’extrême droite part donc avec une longueur d’avance dans la persuasion des foules grâce à un discours simpliste. Il n’existe pas avec elle de position consensuelle sur laquelle les gens raisonnables pourraient s’entendre.

On peut accepter ou refuser le débat mais on ne peut pas obliger à débattre, la liberté ne consiste pas à obliger les gens à faire ce qu’on exige d’eux.

 



15 réactions


  • mat-hac mat-hac 26 mai 2020 12:40

    Très drôle le bouzeux magazine.


  • beo111 beo111 26 mai 2020 15:28

    Il y a quelque chose que je ne comprends pas.

    Normalement, les gens de gauche préfèrent l’élection sans candidat. Sand doute car cela empêche le capital ou toute autre force de filtrer les candidatures. Et cela permet aussi de voter pour des gens simples, de vrais travailleurs, qui n’ont pas le temps ou la prétention de se présenter aux élections.

    Or le fait de s’abonner à une chaîne Youtube n’est-il pas plus proche d’élire sans candidat que de voter à une législative, par exemple, où le choix est beaucoup plus limité.

    Donc je ne comprends pas pourquoi le Bouzeux affirme que ce sont surtout les politiciens professionnels, les élus, qui seraient légitimes à débattre pour représenter des points de vues ou même des idéologies.


    • Orwell Orwell 26 mai 2020 15:35

      @beo111
      Il a pas dit ça. 


    • beo111 beo111 26 mai 2020 16:13

      @Orwell

      Il se base sur le fait que les youtoubeurs ne sont pas élus. Et il enchaîne sur un joli sophisme : puisqu’ils ne sont pas élus, ils n’ont aucune obligation de représentation dans le débat démocratique. Sauf que... personne n’a cette obligation. Pas même les élus, puisque tout mandat impératif est nul, selon notre constitution.


    • Orwell Orwell 26 mai 2020 16:26

      @beo111

      Il dit que les youtubers n’ont aucune obligation ( sous-entendu morale et non légale ) à débattre contrairement aux élus à qui on va reprocher de ne pas vouloir débattre puisque la mise en scène démocratique suppose le débat. C pourtant simple à comprendre 


    • beo111 beo111 26 mai 2020 16:30

      @Orwell

      Et d’abonder dans le sens de Chirac qui a refusé le débat avec Le Pen.


    • Orwell Orwell 26 mai 2020 18:06

      @beo111
      Chirac auquel a justement été reproché de refuser le débat 


    • beo111 beo111 26 mai 2020 19:32

      @Orwell

      Oui, mais justement, pas dans la vidéo.


    • Orwell Orwell 26 mai 2020 19:55

      @beo111

      Mais MDR smiley

      Lui ne considère pas comme moralement condamnable le fait de ne pas débattre même pour un élu, y s’en bas les couilles du débat démocratique, c un révolutionnaire qui répond aux adeptes du débat. Y’a une différence entre ce que lui il trouve condamnable et ce que les gens en général trouvent condamnable. Et il demande que les gens qui trouvent condamnable qu’un élu refuse de débattre ne cassent pas les couilles des youtubeurs parce qu’ils ne veulent pas débattre. Comprendo ou tu le fais exprès ?


    • beo111 beo111 26 mai 2020 20:51

      @Orwell

      Oui, il s’en bat les couilles du débat démocratique, ça on avait compris mais je voulais que ça vienne de vous smiley

      Je dis juste que faire toute une vidéo sur un truc dont il a rien à foutre le mène logiquement à raconter n’importe quoi. C’est pas une preuve de respect pour son public. Au mieux c’est rigolo comme dit mat-hac.


    • Orwell Orwell 26 mai 2020 21:32

      @beo111

      Pas’ke le sujet c’est l’importance du débat démocratique ? PTDR smiley

      Yep, il s’en bat les couilles du débat démocratique et le sujet c’est flanquer la paix à ceux qui refusent ce débat et la bêtise crasse de l’injonction à débattre. Mais t’as pigé dès le début, tu joues au plus malin, t’es une démonstration vivante de c’kil dit smiley


    • mat-hac mat-hac 27 mai 2020 11:51

      @beo111
      Vous réfléchissez trop. Le vlogger veut juste être heureux.


  • ged252 26 mai 2020 21:41

    C’est plutôt ça la vérité :

    .

    Ce qui se dissimule derrière les injonctions au débat qui n’ont rien de démocratiques, c’est le culte de la force, de la démagogie et des sophismes défendu aujourd’hui par l’extrême gauche. L’extrême gauche

    prétend être pour le débat mais lorsque la situation n’est pas à son avantage politique, rhétorique et stratégique, elle n’applique pas ses grands principes, elle ne veut pas échanger des idées pour en sortir mutuellement grandit et ne se soucie guère de la vérité, elle est opportuniste et ne cherche qu’à faire gagner son camp en détruisant les camps ennemis car son idéologie se fonde sur le culte de la force : pour elle, écraser physiquement et psychologiquement un adversaire est synonyme d’avoir raison. L’extrême gauche

    n’est pas ouverte à la critique bien qu’elle passe son temps à être elle-même très critique, elle n’utilise pas les outils d’une personne respectueuse de son interlocuteur mais des armes rhétoriques particulièrement agressives qui poussent à la joute verbale.

    Ce mecton n’est qu’une gauchiasse.


    • Orwell Orwell 27 mai 2020 10:23

      @ged252

      On veut pas débattre avec les sous faf dans ton genre, juste vous péter la gueule. Lol 

      Vous aussi mais vous assumez pas 


  • maQiavel maQiavel 27 mai 2020 13:31

    Je pense qu’il y’a beaucoup de gens qui sont étiqueté à l’extrême droite de façon très abusive. Et même s’il est vrai qu’on retrouve chez beaucoup de droitards les ruses rhétoriques et les attaques ad personam évoqué dans l’article ( j’en ai fait l’expérience ), ça ne se limite pas à cette frange, je suis déjà tombé sur des gauchistes qui utilisaient les mêmes méthodes de décrédibilisation. Selon moi, c’est un phénomène qui dépasse largement les familles idéologiques et j’y vois deux explications :

    -la première configuration, c’est celle du type qui est convaincu d’avoir objectivement raison sur un sujet et qui pense détenir la vérité absolue et incontestable. Lorsque ce type de personne est confronté à un contradicteur qui défend des positions radicalement opposées sur ce sujet, elle s’acharne à monter que cette personne a absolument tort ( ce qui est possible). Mais s’il arrive qu’elle ne parvient pas à trouver le défaut de la cuirasse adverse, elle va tout faire pour ne pas reconnaitre que la position d’en face est logiquement et rationnellement défendable et qu’elle est simplement dans une situation dans laquelle deux subjectivités opposées se font face (ce qui est une situation commune et banale dans l’espace politique, je suis par exemple très opposé au néolibéralisme mais je sais que la position des néolibéraux peut etre défendable sur le plan de la logique et de la rationnalité, nous n’avons simplement pas les mêmes aspirations sociales, pas la même conception de la cité ou de l’humain ). C’est ainsi que cette personne va tout faire pour maintenir son illusion d’avoir absolument raison quitte à utiliser toutes les ruses possibles et imaginables pour gagner.

    -la seconde configuration est celle du type qui se fout d’avoir raison mais qui cherche à satisfaire ses intérêts personnels et qui va donc utiliser des ruses incroyables pour détruire les positions adverses.

    Quelle que soit la configuration, que faire lorsqu’un contradicteur utilise toutes les ruses décrites par Schopenhauer dans l’art d’avoir toujours raison ? Et là je suis d’accord avec le contenu de l’article, dans ce cas précis, débattre n’a strictement aucun intérêt.


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