lundi 23 mars 2015 - par Awake

P. Jovanovic - E. Chouard : La revue de presse (mars 2015)

Pierre Jovanovic reçoit Etienne Chouard pour analyser les principales actualités économiques et politiques.
Face à la montée du chômage et à la poursuite de la crise économique, Etienne Chouard affirme qu'il faut remonter à la cause de nos problèmes en écrivant nous-même notre constitution politique.

 

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Source : https://www.youtube.com/channel/UCG...

 



128 réactions


  • Mao-Tsé-Toung Mao-Tsé-Toung 24 mars 2015 23:48

    On peut trouver à Pierre et à Etienne des cotés "farfelus" !
    Mais nous devons à la vérité de reconnaitre, que chacun dans son genre est très
    intéressant !
    Ce à quoi je m’attache par dessus tout, c’est aux témoignages directs, de vécus quotidiens, dont la connaissance est décisive pour comprendre la société dans laquelle nous vivons :
    exemples :

    1 )Pierre :
    "les banques ont un comportement pour le moins condamnable, avec de nombreux
    particuliers
    " !
    Je témoigne qu’ayant un compte courant de français très moyen ; cas qui doit être
    majoritaire en France, je me suis vu convoqué par mon "conseiller financier", alors qu’il n’avait rien à me dire : épluchant mon compte ligne par ligne ; meme un flic n’aurait pas agi pas de la sorte !
    J’ai joué le jeu, bien que ça me démangeait de lui mettre une baffe, j’ai fait l’idiot
    pour essayer de comprendre !
    En vérité, je crois que ce type de personnage est dressé, comme un flic ; il peut
    d’ailleurs, conscient ou pas faire partie des CP(commissaires politiques) que le système (pas Hollande, ni Valls, ça se passe au-dessus d’eux ) met en place !

    2 )Etienne :
    sous-entend ces CP, quand il dit comment on se débarrasse des opposants, disant à
    Pierre : "tous les deux nous serons sur la liste" !
    Je témoigne :
    A près de 77 ans, je n’ai jamais fait partie d’une asso, encore moins d’un parti politique !
    En aout 2011 ; n’étant pas du tout au courant des évènements de Syrie, alors que
    rien au préalable pouvait le laisser prévoir : étant réuni avec un groupe d’amis, une jeune femme du groupe(conditionnée FDG, mais même pas militante) , vint nous demander d’aller manifester devant l’ambassade, sans autre explication !
    Personne (7présents) ne lui répond, car nous étions tous probablement dans l’ignorance, et on passe à autre chose !
    Il y a deux ans, un CP non proclamé, que je connaissais depuis longtemps, s’est
    débrouillé pour bizarrement sur le même sujet, sur lequel je ne me suis jamais
    exprimé, car le connaissant mal, est venu me provoquer dans un bistro où à quatre nous discutions d’autre chose, la télé donnant les infos sur la Syrie ; il n’appréciait pas que je sois silencieux et ne prenne pas position !
    Je ne crois pas que ça soit de cas isolés, les CP sont bien présents partout !

    Merci

    CQFD


  • Éric Guéguen Éric Guéguen 25 mars 2015 10:14

    @ Bainville :
     
    Il est toujours intéressant de parler avec un monarchiste car c’est généralement quelqu’un qui apporte un vent frais dans les débats, et non dénué de connaissances.
    Permettez-moi néanmoins de vous dire, en quelques lignes, ce que je pense de la monarchie et de son éventuel retour.
     
    L’ordre ancien était un ordre relativement figé, qui s’employait à baigner la société médiévale dans le formol. Ceci est dit sans animosité car il faut reconnaître à cela certaines vertus qui nous sont aujourd’hui inaccessibles et dont nous aurions pourtant bien besoin comme la pérennité politique et l’autorité en vigueur. Mais cela était possible dans un monde où le monarque pouvait s’appuyer sur l’outil moral d’une religion valable pour tous, et où chacun se faisait raison de ne pouvoir choisir sa voie ni de s’adonner à ce qu’il se découvrait réellement capable de faire.
     
    De nos jours, non seulement le christianisme n’a plus la même autorité morale, mais l’individualisme a été poussé à ses extrémités. Il faut certes, et remédier à la crise morale, et atténuer l’individualisme (et les deux sont intimes), mais ce que vous prônez ne peut être que radical, donc imposé violemment. Je ne vois pas comment éviter cela, c’est sans issue et peu vraisemblable autrement.
     
    Je vois pour ma part quelques réels progrès que nous devons à la Modernité. En gros, trois.
    1. La fin de l’esclavage, irrationnel et contre-nature ;
    2. La place faite aux femmes, remédiant à des a priori contre-productifs ;
    3. Le principe de laïcité reconnaissant le génie venu d’ailleurs et la possibilité de faire de Dieu une simple hypothèse (ce qui n’est pas mon cas au passage).
    Le reste est tout à fait discutable, mais ça c’est un héritage qu’il est à mes yeux impératif (le mot est faible) de préserver.

     

    Dans les trois cas, vous constaterez comme une ouverture sociale par rapport au monde ancien, l’assomption du fait que la qualité n’est pas l’apanage d’une poignée mais qu’elle peut venir d’ailleurs et que l’on se doit donc d’aller la chercher, où qu’elle se trouve, pour le bien même de notre communauté. Mais cette ouverture sociale a fini par dégénérer - et peut-être était-elle condamnée à dégénérer, je ne le crois pas pour ma part - dans un individualisme doublé d’un égalitarisme et qui conduit au relativisme, donc à la dégénérescence morale, à la mort de la communauté, à l’empire du droit, et, finalement, à la toute-puissance des forces du marché. En définitive, nous avons compris l’ouverture, non comme l’opportunité d’actualiser les potentiels de tous les membres de la communauté (nationale), mais comme un cadeau fait à chacun en particulier et une promesse de confort sans cesse croissant.

     

    C’est bel et bien à cela qu’il faut remédier, à cet extrême-là, sans pour autant retomber dans l’extrême inverse. Le pari est osé et nous ne sommes pas sur la bonne voie avec les rats qui nous gouvernent. Pour autant, je vous fais le pari que la République, celle qui saura éviter la sclérose tout en se prémunissant contre le relativisme et l’affairisme en politique, pourra elle aussi se prévaloir de ce que vous nous présentez comme apanages de la monarchie, à savoir davantage de stabilité politique (et je peux vous citer des épisodes de l’histoire monarchiste qui ne sont pas non plus piqués des hannetons), une autorité recouvrée et le sentiment d’appartenance communautaire.

     

    Je vous rejoins toutefois pour dire que le jour où le régime représentatif actuel pourra aligner treize siècles consécutifs de fonctionnalité, il lui sera permis d’ouvrir sa grande gueule et de dauber sur les temps reculés. Pas avant.


    • maQiavel maQiavel 25 mars 2015 11:27

      Je profite du post de Gueguen pour rebondir :

      Bainville , la question que pose Gueguen sur la perte dautorité du christianisme est fondamentale , c est la même question que je vous ai posé plus haut mais dans des termes différents : comment établir une monarchie de droit divin alors même que le christianisme n est plus une source de légitimité politique ? De plus , pourquoi une monarchie de droit divin fonctionnerai aujourdhui alors qu il y a 200 ans déjà , ce régime est devenu obsolète ? Je me répète , la rupture de 1789 a correspondu, en profondeur, à une adaptation de l’ordre politique à des sous-jacents sociologique  qui, depuis, n’ont fait que se renforcer , comment un tel régime se maintiendrai aujourdhui alors quil en a été incapable il y a 230 ans ?

      Cest la question fondamentale à laquelle il vous faut nous répondre, elle précède même la question de savoir si la monarchie est le moins mauvais régime ou non , car elle aura beau être le meilleur régime , si elle est inadapté à notre contexte social , elle ne restera quune utopie.

      Pour le reste , tout le plaisir de cet échange est pour moi.


    • maQiavel maQiavel 25 mars 2015 11:35

      La condition préalable pour qu’ une monarchie de droit divin soit instaurée est que les structures économiques, sociologiques et psychologiques de notre époque redeviennent telles qu’ elles étaient il y’ a plusieurs siècle ( c’ est ce que souhaite certains royalistes romantiques nostalgiques comme Aubauzit ) dans le cas contraire , ce programme ne pourra pas être respecté.

      Est il possible que le temps recule ainsi ? Je n’ y crois pas du tout , on ne revient pas en arrière , penser le contraire est se condamner à la mélancolie ...


    • maQiavel maQiavel 25 mars 2015 14:28

      @Bainville

        je précisais déjà hier que je désigne la monarchie sous des termes politiques, non comme un retour de l’ordre précédant 1789, proposition évidemment ridicule, irréalisable et non souhaitable

      ------> C’est un rappel important.

       La légitimité du monarque vient surtout des guerres remportées, de la paix et la stabilité apportée par ces victoires, tout comme la légitimité de la république s’appuie au fond sur la victoire des révolutionnaires sur la monarchie. Le seul argument de la morale est bien trop faible et ne résiste pas au principe de réalité.

      ------> Bingo , je vais de saisir le point de rupture entre nous. Je comprends mieux maintenant il va falloir que l’on développe un peu la question de la légitimité.

      La légitimité est dans la pratique politique un fondement sur lequel appuyer  un quelconque consentement. Ce fondement est fait de beaucoup de chose mais il s’ appuie avant toute chose sur les constructions mentales.

      C’est l’un des grands secrets de la politique , que ceux qui manipulent les masses depuis des millénaires connaissent etque la série game og thrones a mit en scène brillamment ("le  pouvoir ne réside au fond que là où les hommes croient qu’il réside, le pouvoir n’est qu’un tour de passe-passe. » )

      C’est ainsi que les hommes de pouvoirs ont recours aux symboles, aux mythes , aux dieux : obtenir le consentement de ceux qu’ils désirent gouverner.

       Ce processus de valorisation mentale ne fait pas tout évidemment pour construire sa légitimité, il doit être suivit de faits concrets , du genre de ceux que vous décrivez (des victoires , des périodes de paix , de stabilité , etc. ).

      Mais c’est un préalable , vous ne pouvez pas obtenir des victoires , la stabilité et la paix si ceux que vous gouverner ne vous jugent pas légitime , vous devez obtenir leur consentement par ce processus de valorisation mentale.

      On en revient à ce que je vous disais précédemment : un monarque , qui ne serait pas constitutionnel aujourd’hui ne parviendrai jamais à obtenir à priori le consentement de ceux qu’il gouvernera , pour des raisons historiques , sociologiques , psychologiques etc.

      L’institution qui a permit aux premiers roi de France à se construire leuyr légitimité , l’église romaine , ne fait plus autorité ( il n’ y aurait plus que 8 % de catholique pratiquant ) , comment un monarque de nos jours pourrait justifier son droit à régner ?Ce n’ est simplement pas possible …

      La république Française elle, s’est construite sa légitimité sur l’ idéologie des lumières toujours en vigueur de nos jours , c’ est une des raisons pour lesquelles je pense que seule une république pourrait faire face aux défis qui nous attendent …


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 25 mars 2015 16:17

      @Bainville

       

      J’ai bien compris que vous aviez peu de temps devant vous, donc prenez votre temps pour répondre au père Mach’, ensuite, si l’envie vous en dit, je serais heureux que vous rebondissiez sur ce qui suit. Je vais essayer de faire court.

       

      1. Vous parliez de la légitimité du monarque vis-à-vis des guerres remportées, et ça me semble très vrai. Mais est-ce à dire qu’il est obligé de maintenir un état de conflit permanent (ou larvé) pour se faire respecter ? On n’est pas loin de le penser, et c’est d’ailleurs le même procédé qui a cours actuellement vis-à-vis du FN à l’intérieur, de Poutine à l’extérieur : l’un et l’autre servent d’épouvantail, de moyen d’union autour d’une détestation commune à défauts d’idées constructives. C’est un véritable sujet de science politique. J’ai assisté la semaine dernière à une conférence au Cercle Aristote sur la "fabrication de l’ennemi", c’était assez dans ce ton-là.

       

      [Concernant les rapports entre le Roi et les aristos, j’aurais pas mal de choses à ajouter, en particulier sur le rôle de la bourgeoisie comme élément de sape politique et de triomphe financier, mais je n’ai pas le courage de développer ça ici.]

       

      2. Vous parliez aussi de de Gaulle, mais de Gaulle aura pu bénéficier de l’aura capitalisée durant la Seconde guerre mondiale, ce qui n’est pas donné à tout le monde. De manière générale, je ne pense pas que, sorti du droit divin, un régime soit pérenne lorsqu’il attend constamment l’homme providentiel, il faut donc s’appuyer sur autre chose.

       

      3. Quant aux femmes - et je ne suis vraiment pas certain de m’écarter à ce point du sujet initial - elles avaient beau avoir un rôle bien affirmé dans les foyers, leur absence de rapport à la science, au savoir en général et à la politique n’est pas à mettre au crédit des siècles passés. Sans me faire féministe, j’irais jusqu’à dire sans vergogne que, potentiellement, l’humanité s’est longtemps amputée de sa moitié.

       

      [Sur Lasch, en revanche, 100% d’accord, nous avons là les mêmes références.]

       

      Bonne journée,

      EG


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 25 mars 2015 21:21

      @Bainville
       

       Ah, pour ce qui est de l’égalitarisme, que Machiavel m’en sois témoin, je ne le ménage pas non plus. smiley

      Cependant, il y a certaines femmes plus autoritaires et plus crédibles en politique que certains hommes.


  • maQiavel maQiavel 25 mars 2015 12:02

    @Bainville

    @Bainville

    Je constate que les monarchistes ont ce travers dessentialiser « la république » comme si dans lhistoire politique, il nexiste quune seule forme  de république. « La république », ca nexiste pas, il ya des républiques, très différentes les unes des autres selon leurs institutions.

    -Quelle cohérence est garantie par un système dans lequel "les gouvernants" tournent ?

    La question de la cohérence s applique aussi aux régimes monarchiques , on a vu dans lhistoire des monarques très variable. On a à contrario connu des républiques très cohérente , il suffit d analyser la politique romaine sous langle de la politique extérieure.

    La cohérence n est pas une question qui est en rapport avec le régime républicain  ou de monarchique , c est une question institutionelle : une république ou une monarchie dotée de mauvaises institutions seront incohérentes , et inversement , avec de bonnes institutions , ces régimes seront cohérent.

    -L’homme moyen déjà recouvert de problèmes par son quotidien, comment peut-il sur quelques mois s’adapter et saisir tout ce qu’il y a à saisir au sommet de l’Etat ?

    Une république bien ordonné ne demandera jamais au citoyen moyen de saisir tout ce quil ya au sommet de lEtat, il nen a pas besoin, il ne gouverne pas. La fonction du citoyen moyen doit être très précise, et dans le cadre de cette fonction, tout saisir nest pas nécessaire (bien quil yait un minimum requis).

    -La république peut se targuer de l’héritage laissé par la monarchie 

    Evidemment nous sommes tous les héritiers dune histoire, la monarchie elle-même na pas émergé ex-nihilo, elle doit beaucoup aux romains, qui eux-mêmes sont les héritiers dautres et ainsi de suite, en remontant le fil ainsi, on retrouve au bout de la chaine les chasseurs cueilleurs nomades.

    Est-ce un argument  valide pour revenir au paradigme de nos ancêtres du paléolithique, quand bien même ce serait possible (ce qui nest évidemment pas le cas) ?Je ne le pense pas ...


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 25 mars 2015 12:30

      @maQiavel
       

      "La fonction du citoyen moyen doit être très précise, et dans le cadre de cette fonction, tout saisir nest pas nécessaire (bien quil yait un minimum requis)."

       

      => Et d’ailleurs aucun monarque n’a jamais tout saisi non plus, loin s’en faut. Sans oublier qu’ils évoluaient dans un monde bien moins complexe que le nôtre.

      J’aimerais juste rebondir sur quelque chose que Bainville ne dit pas, mais qui est sous-entendu et qui est effectivement problématique pour toute république comparée à la monarchie de droit divin : CECI.

      (Je viens d’acheter le bouquin).


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 25 mars 2015 12:32

      Merde, je voulais faire le malin et le lien n’a pas marché. On la refait... Guéguen, deuxième : CECI...


    • maQiavel maQiavel 25 mars 2015 13:21

      @Éric Guéguen
      -Et d’ailleurs aucun monarque n’a jamais tout saisi non plus, loin s’en faut

      Tout à fait , ceci dit je fais une distinction entre le savoir requis pour les gouvernants et pour les gouvernés.

      La question du savoir dans le gouvernement est épineuse , néanmoins , je crois que c’est l’un des points faibles des partisans de la monarchie : ils s’ imaginent que pour gouverner , il suffit d’ être éduqué. L’ histoire montre qu’ il en faut bien plus.

      Concernant la théorie des deux corps , vous savez qu’ elle a existé également dans certaines républiques Italiennes de la reanaissance ? Même lorsque le prince civil était absent , les décisions prises par le conseil étaient considérées comme étant les siennes.


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 25 mars 2015 13:27

      @maQiavel
       

      Il y a en tout cas là-dedans des leçons à tirer pour... la République à venir.


    • maQiavel maQiavel 25 mars 2015 13:52

      @Bainville
      - je ne vois pas l’intérêt de parler de la république romaine ou de celle de Genève s’il s’agit d’un débat sur l’application concrète d’un régime.

      Je ne comprend pas pourquoi on ne pourrait pas parler de tous les régimes républicains qui ont existé , quel que soit le pays , surtout dans le cadre d’ un débat sur l’application concrète d’ un régime.

      De toute façon , il ne s’ agit pas de recopier intégralement un régime mais de s’inspirer de certains éléments pour les adapter à notre contexte , donc je ne vois pas pourquoi on s’en priverai ...

      @Gueguen

      -Il y a en tout cas là-dedans des leçons à tirer pour... la République à venir.

      Ah ? Dites moi , comment remettriez vous ce principe au gout du jour et surtout pourquoi ?


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 25 mars 2015 14:17

      @maQiavel
       

      Ce n’était pas forcément propre à la royauté, de Gaulle en son temps a essayé d’incarner - véritablement - la nation. Il y a été aidé par ses choix durant la Seconde Guerre mondiale. Mais il est évident qu’après lui, soit les politiciens ont délaissé ce qui leur apparaissait d’un autre âge, soit ils ont tenté d’enfiler un costume trop ample pour leurs épaules chétives.

      Quoi qu’il en soit, il me semble impératif que chacun puisse se figurer la République. Il y a Marianne, certes, mais ce n’est pas suffisant. Je pense même qu’il faudrait songer à porter le commun au pinacle, je veux dire par là rendre un culte laïc à ce que j’appellerais l’œuvre commune (je parle de koinon ergon dans mon bouquin et je devrais peut-être écrire un bouquin entier à ce sujet), c’est-à-dire amener les esprits à se figurer la nation comme une œuvre au long cours, à laquelle chacun est appelé à participer à sa mesure. La nation étant pour moi la matière brute informée par le concept de république.

      Je n’en dis pas plus sinon il va me falloir faire des copiés-collés du livre. smiley


    • maQiavel maQiavel 25 mars 2015 14:33

      @Éric Guéguen
      rendre un culte laïc à ce que j’appellerais l’œuvre commune, c’est-à-dire amener les esprits à se figurer la nation comme une œuvre au long cours, à laquelle chacun est appelé à participer à sa mesure.

      ------> C’ est drôle , je pensais à cela ces derniers temps. smiley

      Mais attention , ne parlez plus de culte laïc sur agora , on vous renverra Vincent Peillon et la franc-maçonnerie dans la figure. smiley




    • Éric Guéguen Éric Guéguen 25 mars 2015 14:56

      @maQiavel

       

      Il faut que les gens comprennent qu’on a besoin de révérer certaines choses en commun, c’est fondamental. Ça, les Grecs et les Romains l’avaient bien compris, ils étaient beaucoup plus intelligents que nous sur ce dossier.

      De temps en temps, tous les membres d’une communauté qui se respecte doivent regarder dans la même direction, que ça leur plaise ou non.


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 25 mars 2015 15:00

      Bon et puis bien sûr Vincent Peillon est un clown, je ne reviens pas là-dessus... smiley


    • maQiavel maQiavel 25 mars 2015 16:17

      @Éric Guéguen

      Comme d’habitude on est d’ accord jusqu’ à un certain point, le point de rupture concerne généralement nos diagnostics des sociétés modernes.

      Bien entendu que les gens comprennent qu’on a besoin de révérer certaines choses en commun , le postulat de l’ Etat  axiologiquement neutre est révolu depuis longtemps ( dès le départ et dans sa formulation , il était faux car dire que l’ Etat doit être neutre est déjà énoncer une valeur en soi ).

      Sauf que ce que les gens révèrent en commun de nos jours ne vous plait pas (moi non plus , je vous rassure ) , c’ est cela le vrai problème …

      Vous savez bien que l’individualisme est une valeur commune dans nos sociétés  ... ;


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 25 mars 2015 16:25

      @maQiavel
       

      Effectivement, je vous confirme que nous ne sommes pas d’accord sur ce point. La différence est grande entre un culte en commun et une semblable envie de confort. Il y va quelque peu de la différence que je ferais entre le "commun" et le "public". Le commun serait ce qui appartient en propre à tout le monde, tandis que le public est aujourd’hui perçu comme ce qui n’appartient à personne en particulier. Le public est typiquement libéral. Positivité d’un côté, négativité de l’autre.


    • maQiavel maQiavel 25 mars 2015 16:36

      D’ accord ...

      Dans ce cas , comment s’exprime concrètement et politiquement la différence entre le bien public et le bien commun ?


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 25 mars 2015 16:50

      @maQiavel

       

      Concrètement ? Si je vois un type démolir un abribus ou déféquer sur la voie publique je lui casse la gueule en lui faisant comprendre qu’il est chez moi. smiley

       

      Si cette mentalité s’ancrait en lieu et place de l’autre, il y aurait moins de merde dans les rues, mais de tags aux murs, moins d’infrastructures détériorées et moins de vomi dans mon RER.


    • maQiavel maQiavel 25 mars 2015 16:59

      Je comprend ce que vous voulez dire et on est d’accord là dessus , la distinction public /commun n’ est qu’ au fond qu’une question de sémantique , l’ essentiel est de nous comprendre .


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 25 mars 2015 17:07

      @maQiavel
       

      Ça n’est QUE de la sémantique, mais c’est énorme. Dans un cas les gens s’approprient ce qu’ils ont en partage, dans l’autre ils s’en désintéressent ou, au mieux, le laissent gérer par d’autre. Le lien avec les réflexes qui ont cours en régime "représentatif" devient manifeste.


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 25 mars 2015 17:25

      @Bainville
       

      Je suis en train de lire le dernier livre (posthume) de Jean Favier sur le bourgeois de Paris au Moyen Âge. Ça fait partie de ces ouvrages précieux qui synthétisent parfaitement ce que l’on sait déjà tout en le rehaussant d’un surplus de science.


    • maQiavel maQiavel 25 mars 2015 17:57

      @Éric Guéguen

      Oui , la disposition d’ esprit est très différente.

      @Bainville

      -Tout d’abord nous ne sommes pas en désaccord sur le principe de légitimité, cependant vous confondez l’effet et la cause.

      ------>Je pense la même chose pour vous. Concrètement, comment un monarque pourrait il gouverner , amener une période de paix et engranger des victoires si ceux qui le gouvernent ne le jugent pas dès le départ légitime ? C’ est simplement impossible , il se fera renverser dans l’indifférence générale , il doit faire consensus dans les esprits et ensuite il pourra renforcer cette légitimité par des facteurs matériels.

      -Pour ce qui est de la monarchie c’est bien la stabilisation progressive du début du Moyen-Âge qui assoit son autorité sur le royaume des Francs, héritier de la christianisation de l’empire romain.

      ------> Qui l’assoie oui mais ce qui la crée, c’est le baptême de Clovis , le mythe de la sainte fiole , l’ autorité de l’ église etc , sans cela , cet affermissement aurait été impossible.

      -Pour qu’un paysan voit le roi comme sacré par Dieu et le royaume de France son émanation temporelle, la cause doit venir d’une situation réelle

       ------> Le paysan doit d’abord et avant tout croire que le roi est le roi , et qu’il est légitime , sinon celui qui se proclame roi ne pourra jamais accomplir quoi que ce soit dans le réel …

       - La république tire également sa légitimité de la révolution française

       ------> Je suis pas d’accord , la révolution française n’est qu’une conséquence d’un phénomène de modification des structures sociales et psychologiques qui prend naissance bien en amont.

      Sans ces modifications, la révolution n’aurait jamais paru légitime à un petit pan de la population (petit mais suffisant pour changer de paradigme ).

      -Enfin si l’on prend la légitimité du régime soviétique au siècle passé, elle tient d’être des vainqueurs des deux guerres mondiales et de la guerre civile

      ------>Pas d’accord encore une fois , c’ est parce que des masses ont été séduite par l’ idéologie communiste que la révolution Russe a pu aboutir , le peuple Russe orthodoxe, qui a été soumis en moins d’un siècle à l’individualisme matérialiste et marchand par la révolution industrielle est restés attachés à plus de quinze siècles de règne des valeurs chrétiennes de partage et d’ égalité , n’oublions pas la mentalité éminemment chrétienne des masses communistes militantes pour lesquelles l’idéal communiste devint la nouvelle religion face à l égoïsme bourgeois.

      Ce n’est que parce que la nouvelle oligarchie soviétique s’est construite une légitimité qu’elle a gagnée les guerres, qui ont en retour renforcée sa légitimité.

       -Ile ne suffit pas d’être éduqué pour gouverner mais c’est sur ce point que l’hérédité est une force. Le fils du Roi dès le plus jeune âge est élevé pour la fonction suprême et pour incarner la Nation, son père déjà aux affaires lui transmettant sa sagesse et son expérience.

      Ce n’ est pas quelque chose en quoi je crois , ce n’est pas en étant élevé pour gouverner que l’on devient digne de gouverner.

      Rousseau en parle mieux que moi : « On prend beaucoup de peine, à ce qu’on dit, pour enseigner aux jeunes Princes l’art de régner ; il ne parait pas que cette éducation leur profite. On ferait mieux de commencer par leur enseigner l’art d’obéir. Les plus grands rois qu’ait célébrés l’histoire n’ont point été élevés pour régner ; c’est une science qu’on ne possède jamais moins qu’après l’avoir trop apprise, qu’on acquiert mieux en obéissant qu’en commandant ».

      L’ hérédité de ce point de vue est une faiblesse puisque celui gouverne ne le fait pas parce qu’ il l’ a mérité mais parce qu’ il est bien né.

      Dans une république bien ordonnée , celui qui gouverne mérite ce droit.

       


    • maQiavel maQiavel 25 mars 2015 20:51

      @Bainville

      Pfff , je vous ai répondu un long post et voilà que je l’ ai perdu.

      Ca m’ a épuisé , j’ essaierai de vous répondre plus tard.


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