mercredi 2 novembre 2011 - par Zorba

Corcuff : "La démocratie, ce n’est pas le vote"

Philippe Corcuff, maître de conférences en science-politique, invité de Carte d’électeur sur France Info, affirme que la démocratie n’est pas le vote et évoque le tirage au sort - prenant ainsi le relais d’Etienne Chouard. Il s’exprime après un tunnel de 4 minutes de la journaliste Chloé Leprince.

 

Pour tempérer cet enthousiasme démocratique, écoutons Pierre Desproges nous dire ce qu’il pense de la démocratie... ça calme un peu.

 



20 réactions


  • Erca 2 novembre 2011 10:35

    On peut effectivement se féliciter que Philippe Corcuff ait pu transmettre une telle à idée sur un grand média comme France Info. Quant à Desproges, on lui rappellera que le peuple auquel on confie le pouvoir n’est plus le même que le peuple rendu irresponsable par l’oligarchie.


    • jean 2 novembre 2011 10:39

      Pour E. Chouard, dès qu’ on responsabilise les citoyens, ceux-ci ont autre chose à faire que de regarder le foot., l’ intérêt à la chose publique vient naturellement.


    • QaviQeQuarQo davideduardo 2 novembre 2011 19:36

      Dans un vrai systeme démocratique, la population se sensibiliserai automatiquement a ce nouveau pouvoir et se désinfantiliserait de la meme maniere qu une jeune mere qui, face a la nouvelle responsabilité d un nouveau né sortirait de l adolescence.




    • Rodrigue Rodrigue 2 novembre 2011 21:34

      Vous êtes très optimistes... J’ai du mal à partager cet optimisme et ne pense malheureusement pas que les gens se sentiront responsables et auront envie d’exercer le pouvoir si le système change. Dans une interview, Chouard reconnaît que le gros problème de ce qu’il propose, c’est que peut-être les gens n’en voudront pas, et je crains que sa crainte soit fondée. Si le peuple français était composé de la population d’Agoravox, probablement que le système de Chouard pourrait fonctionner. Mais je ne vous apprendrai pas que le peuple français, dans son ensemble, diffère sensiblement des lecteurs-rédacteurs d’AV... Regardez autour de vous : les gens que vous voyez vous paraissent-ils des citoyens actifs et concernés en puissance ? Pour ma part, je réponds non, et je le déplore évidemment. J’ai déjà touché un mot des idées de Chouard à d’autres personnes, et ça les a laissé totalement indifférentes. Pas intéressées. Ça leur passe totalement au-dessus de la tête elles s’en foutent. Je crains que si le peuple avait le choix entre démocratie authentique et oligarchie, il choisirait l’oligarchie, car celle-ci, malgré tous ses défauts, permet de déresponsabiliser les gens, et les gens n’ont souvent pas envie de se faire suer... Et à moins de verser dans un "totalitarisme démocratique", on ne forcera pas les gens à faire ce qu’ils ne veulent pas faire. Désolé de casser l’ambiance... j’aimerais que Chouard ait raison et que la vraie démocratie soit possible, mais vu les gens que j’observe... je n’y crois pas.


    • Erca 3 novembre 2011 00:57

      @Rodrigue :


      Je ne crois être ni optimiste, ni idéaliste. Bien évidemment que l’âge antique qui a vu émerger la démocratie (réelle) se situait dans une configuration totalement différente de l’âge moderne, et que le gouvernement représentatif dans lequel nous vivons est intimement associé au capitalisme et au mode de vie individualiste ancré dans nos sociétés, ce qui nous empêchera sans doute dans l’immédiat de revenir à l’absolu démocratique. Cela étant dit, je ne crois pas impossible que nous puissions progresser par paliers vers celui-ci. Regardez ce qui se passe à quelques kilomètres de chez nous, dans un petit pays qui s’appelle la Suisse et qui n’a pas un mode de vie différent du nôtre. Sommes-nous génétiquement différents des Suisses ? Ne pouvons-nous pas même, malgré le système actuel, imaginer un système encore plus démocratique sans être idéaliste ?

      Par ailleurs, Etienne Chouard ne propose pas qu’une seule voie, il en suggère plusieurs, notamment un bicamérisme avec une chambre de tirés au sort. Je ne vois pas en quoi cette solution est utopique.

    • Erca 3 novembre 2011 00:58

      @Rodrigue : Au fait, avez-vous le lien vers l’interview de Chouard que vous évoquez ?


    • Rodrigue Rodrigue 3 novembre 2011 01:42

      @ Erca : Chouard est interrogé sur cette possibilité ici, à partir de 18’30 : http://www.dailymotion.com/video/xldnko_etienne-chouard-le-probleme-du-vol-monetaire-et-de-la-constitution_webcam (et petit passage à 24’20). Lui est optimiste, il croit que les gens peuvent se réveiller, mais il n’exclut pas l’inverse, rappelant que, selon Rousseau, une fois que les gens sont habitués à la servitude, ils finissent par aimer leur état de servitude. Comme il le dit face à Yvan Blot, pour que ça fonctionne, il faudra une très grave crise, et aussi que l’idée se soit propagée de manière virale avant... mais "se passer le mot entre nous", ça me paraît une tâche colossale, justement pour sortir du petit cercle des citoyens actifs et toucher tout le peuple. Je ne vois pas comment ça peut se faire de manière réaliste... Il faudrait que nous soyons des millions d’apôtres à propager la "Bonne Nouvelle" de la démocratie... mais où sont pour l’heure ces apôtres, que Chouard préfère appeler des "virus" ? Et puis Chouard prend, pour nourrir son optimisme, l’exemple du peuple qui a su voter "non" en 2005 contre le diktat des élites... mais il oublie que 2 ans plus tard ce même peuple plaçait trois candidats du "oui" en tête de la présidentielle... montrant un total manque de logique politique... et qu’un an après il se laissait violer sans rien dire avec le traité de Lisbonne.


    • Erca 3 novembre 2011 10:13

      @Rodrigue : Merci pour le lien. Je suis d’accord avec vous sur le côté illusoire du bouche-à-oreille dans lequel Chouard pose tous ses espoirs, d’ailleurs plus pour une question sociologique que pour une question technique. Je crois que nous ne nous en sortirons pas si nous ne passons pas par le système des élections, malgré tous les obstacles qu’il contient. Mais étant donné qu’un progrès démocratique semble constituer le point d’accord grandissant et majeur parmi toutes les forces anti-oligarchie (jusqu’au FN, qui s’est converti au référendum d’initiative populaire), je crois qu’il y a quelque chose à faire en formant une grande coalition.


      Pour ce qui est du peuple qui vote non puis vote pour des candidats du oui, il faut bien comprendre qu’il est pris au piège de la tactique implacable du système, consistant à diaboliser les candidats anti-système et à promouvoir outrageusement dans les médias les candidats du système. On ne peut pas lui en vouloir, selon moi, de se faire avoir par des manigances aussi énormes.

    • maQiavel machiavel1983 3 novembre 2011 10:50

      @Erca et rodrigue

      - En fait je pense que l’ objection de Rodrigue est vrai et fausse à la fois.
      Je répondrai à Rodrigue que paradoxalement le régime démocratique est aussi oligarchique dans ce sens que ceux qui ne se sentiront pas concerné par la chose politique ne se rendront effectivement pas à l’ assemblée de peur de rater secret story ( qu’ il faudra à un moment donné interdire mais c’est une autre histoire).
      Il n’ y aura à l’ assemblée que ceux qui se sentent concerné par le bien public et c’est en cela que le système est aussi oligarchique mais à la différence qu’ il peut redevenir démocratique à n’ importe quel moment cela dépend de la volonté de ceux qui ne se rendent pas à l’assemblée.
      Il y’ a sur agoravox une diversité de sensibilité politique et des opinions diverse,pour moi ca ne poserai aucun problème que les assemblées même pratiquement vide ne soient composé que des participants aux forum d’Agoravox.


    • Erca 4 novembre 2011 21:29

      @machiavel : OK sur le fond, mais pour que la participation aux assemblées ne dépende QUE de la volonté et du libre-arbitre des citoyens, il y aurait tout un tas de réformes sociales à mettre en place, et pas des moindres.


  • jean 2 novembre 2011 10:37

    Excuse je voulais voter +, j’ ai cliqué l’ inverse...


  • maQiavel machiavel1983 2 novembre 2011 11:01

    Le problème est que Philippe Corcuff dit "le vote est un des outil de la démocratie".
    Non, le vote est un des outils de l’aristocratie ( mais on peut aimer l’aristocratie, chacun son truc).
    Et il dit aussi , " il y ’a une dégénérescence de l’idéal démocratique dans le régime représentatif".
    Non, il y’ a une dégénérescence de l’ idéal aristocratique ( devenu simplement oligarchique )dans le régime démocratique.
    Je veux pas emmerder mais l’ oligarchie pour assoir sa domination travestit la signification des mots ( le novlangue) et si on utilise pas les bon mots, on est déjà perdant.


    • maQiavel machiavel1983 2 novembre 2011 11:05

      Je voulais dire dans le régime représentatif et pas dans le régime démocratique.Je donne des leçons sur l’utilisation correcte des mots et je commet un tel lapsus !
      Je m’en excuse !


    • Erca 3 novembre 2011 00:46

      Attention, c’est l’élection qui est propre à l’aristocratie, et non le vote, qui est effectivement l’un des outils de la démocratie.


    • maQiavel machiavel1983 3 novembre 2011 10:36

      @erca
      Je pense qu’ il parlait du vote des représentants, mais vous avez tout à fait raison !
      Veuillez m’excusez je n’ai pas encore lu le lien que vous nous avez demandé de commenté je le ferai le plus tôt possible !
      C’est que je n’ai pas le net chez moi et c’est souvent bruyant autour de moi, et la lecture de votre article nécessite un certain calme
      Cordialement !


  • gregoslurbain gregoslurbain 2 novembre 2011 12:31

    l’erreur fondamentale de Desproges, c’est de croire que le régime républicain, c’est la démocratie.
    c’est de l’inculture, l’école l’a mal renseigné.
    il aurait fallu qu’un vrai connaisseur de la démocratie athénienne lui réponde :

    " LES INSTITUTIONS, SELON QU’ELLES SOIENT OUVERTES OU FERMÉES À L’INITIATIVE POPULAIRE, RENDENT LES CITOYENS ACTIFS OU PASSIFS." (E.Chouard)

    castoriadis connaissait la démocratie athénienne mais a sous estimé l’importance du tirage au sort et est tombé dans le même travers que Desproges : critiquer la passivité de ses citoyens regardant la télé...


  • Walid Haïdar 2 novembre 2011 12:48

    C’est d’autant plus rigolo que Solon avait dit "est criminel celui qui ne s’occupe pas des affaires de la cité".

    Avec une telle conception, on est dans un autre univers mental que le nôtre, à savoir des cages à poules pour cellules familiales nombrilistes et apeurées.

  • gazatouslesetages 3 novembre 2011 01:57

    Corcuff, le néant total depuis des décennies, ce type avait été épinglé par l’excellent journal disparu " le plan b" pour ses grosses manip sur son cv wikipediesque.

    blablabla...


  • diogene2synapses diogene2synapses 3 novembre 2011 08:11

    La question est pour moi, dans cette extrait, est ce Desproges pense vraiment ce qu’il dit ou bien piège t il les autres snobs, imbu d’eux même, autour de la table. Car si ca parait drôle sur le moment, en creusant un peu c’est d’une stupidité incroyable comme remarque mais ca permet de se mousser, de laisser entendre que "nous on est pas comme çà". Bien content d’avoir des "faire valoir" pour faire illusion. Passer à la télé ca perturbe l’esprit, chez pivot encore plus apparemment. Le cynisme à ses limites, il faut être un sage pour en faire usage.


  • Latigeur Latigeur 5 novembre 2011 17:53

    Corcuff emploie le mot caste, c’est pour le moins excessif, rappelons qu’au sens premier l’appartenance à une caste est liée à la naissance, au sens figuré, il est utilisé pour désigner, de manière péjorative, un groupe social limité  qui cherche à maintenir ses acquis et son identité en contrôlant les moyens de lui accéder.

    Or quel est le mode d’accès principal à la classe politique dans la république : l’élection au suffrage universel. C’est un système qui n’ a rien de fermé en soi.
    Des mesures simples comme l’interdiction du cumul des mandats ou la limitation du droit de se représenter sont souhaitables pour éviter la professionnalisation de l’exercice politique et corriger un dérive qui effectivement pose problème.
    Le vote n’est pas effectivement, le tout de la démocratie mais c’en est une des composantes nécessaires.
     Avant le vote, le débat, la présentation du projet de chacun des candidats en est une autre.
    La réflexion et le travail des citoyens réunis dans des partis politique pour définir ce ou ces projets est aussi indispensables à la démocratie dans nos sociétés nombreuses et complexes (à la différence des cités grecques antiques).
    La liberté d’expression et d’information est la condition nécessaire de ce fonctionnement.
    Pour certains extrémistes atomisés dans de petits partis qui n’arrivent pas à ce mettre d’accord sur un projet commun, la tentation est grande de changer ce peuple qui malgré toute leur propagande ne leur accorde que parcimonieusement la faveur de ses suffrages..
    L’idée de tirage au sort permet ce tour de passe passe. désignons n’importe qui et dans le chaos qui s’en suivra les forces les plus organisées, les plus déterminées surgiront pour imposer leurs lois.


Réagir