lundi 10 février 2014 - par Qamarad

Les gènes de la République et de Peillon ? Le plan d’Éducation nationale de Lepelletier

Par Marion Sigaut

 

 

Nous apprenons grâce à ce plan soumis à Robespierre et loué par ce dernier qu’il existe, au delà des soubresauts, revirements et dynamiques capitalistes globales, un génotype propre à notre Sainte république.

 

Notre point de départ est cette lubie de certains révolutionnaires, élément central et condition sine qua non de tout régime totalitaire, voulant, concevant puis imposant l’avènement d’un homme nouveau, libéré des contraintes, sentiments et influences du passé. Ce nouvel individu, remodelé par la machine étatique dont l’éducation nationale, serait l’incarnation de l’homme idéal telle que pensée par l’idéologie dominante. Le salut passera par l’éradication de l’homme du passé. Cette révolution du genre humain amènerait à l’édification d’une société au cadre de vie optimal, c’est-à-dire une collectivité dont la finalité serait l’utilité et le bohneur de chacun.

 

De ce principe fondateur, une stratégie doit se mettre en place afin que la foule puisse dans un premier temps acquisser et ensuite se rallier intégralement à ce changement radical de paradigme. Après la prise de pouvoir des républicains et la mise en branle d’une machine d’état avec une assise suffisamment solide afin que rien ne l’en déloge, ce qui constitue la phase de l’accepetation, la deuxième étape se veut l’inculcation à l’intérieur de nos petites têtes blondes (ou crépues) de la "religion républicaine", terme que je reprends à ce grand bienfaiteur de l’humanité et du genre humain qu’est Vincent Peillon. Dans la vidéo proposée ci-dessus, il est question non pas d’une instruction, mais d’un programme bien défini mêlant exploitation enfantine , cadre scolaire militaire puisque ceux qui ne se conformeraient pas seraient humiliés et punis devant leurs camarades et aussi par une nourriture destinée habituellement en temps de grande famine. Toute proportion gardée, il est primordial de noter l’acharnement hystérico-psychiatrique de nos deux ministres à l’annonce du succès des journées de retrait et la punition des parents récalcitrant à ce que l’éducation sexuelle de leurs enfants se fassent à l’école primaire selon certaines sources (voir lien en fin de page pour ceux qui l’apprendraient ou qui n’auraient pas pu se le procurer). La théorie de l’homme nouveau combattra tous ceux qui se poseront des questions légitimes, car cela n’est ni plus ni moins qu’un bouleversement de civilisation, quand même !

 

La justification de tels procédés pour des enfants allant de 5 à 12 est double. La Répubique pourrait se targuer d’un fait inédit et qui lui serait intrinsèquement propre dans l’histoire : la généralisation de l’enseignement et des savoirs fondamentaux à l’ensemble de la population. Ensuite, conséquence logique de cette nouvelle donne, l’indifférenciation sociale des élèves au sein des classes permettrait que l’ensemble des classes sociales se tourne vers une conception plus noble, plus juste, plus égalitaire des rapports sociaux.Le riche et le pauvre grandissent à l’intérieur du même moule et seront donc dépossédés de leurs anciens mauvais penchants : l’avarice et la religion du veau d’or comme fin en soi pour les uns ; convoitise et ignorance pour les autres.

 

Répondons alors directement au deux points : la généralisation de l’enseignement avait commencé sous la royauté, bien que progressant de manière peu soutenue, et était encouragé par les jésuites chassés sous Louis XV du royaume de France par l’action des jansénistes ( voir une conférence de Marion sigaut sur le sujet) et très probablement des loges. Ici, la république ne fait que s’encenser et reprendre à son compte une dynamique séculaire tout comme le jacobinisme ne fut que la continuation de la lutte anti-féodale entreprise par nos rois. Aussi, l’égalitarisme scolaire appuyé sur une logique militariste qui n’aurait rien à envier à la Prusse, ne résoud pas le problème fondamental des disparités économiques causée par une révolution qui se définit économiquement comme libérale et imposant un cadre global contractuel qui fera le bohneur des classes dirigeantes.

 

Alors, cette continuité dont le résultat est un monde totalitaire de marché, soit une masse informe composée d’individus atomisés dépendants d’un état auoritaire, puisque seule structure solide et d’envergure, légitimé par une nouvelle religion universelle, elle sans dieu : la religion des droits de l’homme (véritable croisade guerrière ou jihad belliqueux) du monde contemporain pour le côté moral de la chose et par un monde de jouissance consommatrice inextinguible et inamovible , nous questionne tout simplement. On s’interroge alors sur ce que pourrait être la république authentique, ce qu’elle aurait de noble sans cette falsification de l’histoire ou cette dénaturation, sujet d’un probable prochain article.

 

Liens complémentaires :

 

Document azur sur le genre

 

Une conférence sur les rapports Jansénistes/Jésuites

 

 



114 réactions


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 12 février 2014 11:11

      Il ne s’agit pas d’aller trouver, telles quelles, les solutions aux maux actuels dans les "temps jadis", mais plutôt de faire la généalogie de cette "matrice" afin de voir en quoi nous avons toutes et tous posé des pierres dans l’édification de notre propre prison mentale.
      Sachez que les gens les plus à l’aise dans cette matrice ont de beaux jours devant eux, car ils savent qu’il y aura toujours plus de gens qui pensent comme vous que de gens qui pensent comme moi.


    •  Qanelle Qanelle 12 février 2014 14:40

      Nous sommes parfaitement en accord , Mrs Eric je vous le concède.

      Je vais vous faire un aveu, je suis pratiquement d’accord avec la plupart de vos propos.
      Mais le plus rigolo se sont les quelques détails qui pourrait vous titiller, sinon c’est pas du jeu. Les gens qui pensent comme vous, que les gens qui pensent comme moi, on pourrait en débattre des kilometres , rassurez vous il y a bien plus de choses qui nous unis que de détails qui nous opposent. salut, bonne journée a toi. 

    • Éric Guéguen Éric Guéguen 12 février 2014 16:58

      Ok, bonne journée.


  • Éric Guéguen Éric Guéguen 11 février 2014 10:12

    « Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s’y prendre de manière violente. Les méthodes du genre de celles d’Hitler sont dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l’idée même de révolte ne viendra même plus à l’esprit des hommes. L’idéal serait de formater les individus dès la naissance en limitant leurs aptitudes biologiques innées.

    Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle. Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste. Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif. Surtout pas de philosophie. Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements flattant toujours l’émotionnel ou l’instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de penser.

    On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme tranquillisant social, il n’y a rien de mieux. En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté.

    Le conditionnement produira ainsi de lui-même une telle intégration, que la seule peur – qu’il faudra entretenir – sera celle d’être exclus du système et donc de ne plus pouvoir accéder aux conditions nécessaires au bonheur. L’homme de masse, ainsi produit, doit être traité comme ce qu’il est : un veau, et il doit être surveillé comme doit l’être un troupeau. Tout ce qui permet d’endormir sa lucidité est bon socialement, ce qui menacerait de l’éveiller doit être ridiculisé, étouffé, combattu.

    Toute doctrine mettant en cause le système doit d’abord être désignée comme subversive et terroriste et ceux qui la soutienne devront ensuite être traités comme tels. On observe cependant, qu’il est très facile de corrompre un individu subversif : il suffit de lui proposer de l’argent et du pouvoir. »

    Aldous Huxley in Le meilleur des mondes.


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 11 février 2014 10:15

      Moralité : pour faire advenir l’oligarchie sans coup férir, il faut combattre l’excellence, ce à quoi le troupeau consentira de bon cœur.

      Qu’on se le dise.


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 11 février 2014 10:16

      ... et plus certains se battront pour l’excellence, plus le troupeau les accusera de faire le jeu de l’oligarchie.


    • Rounga Rounga 11 février 2014 11:00

      Aldous Huxley in Le meilleur des mondes.



      Merci pour cet extrait. Il faudra un jour que je me décide à le lire, ce livre.
      C’est très révélateur, en tout cas, d’une certaine conception de l’élitisme : on a d’un côté, l’élitisme pour tous, c’est à dire l’égal accès de tous aux moyens de l’élévation sociale, intellectuelle, spirituelle, etc. et de l’autre côté, dans ce texte, l’élitisme oligarchique, qui réserve l’excellence à un très petit nombre d’individus choisis d’avance, livrant le reste de la population à la médiocrité, voire à l’animalité, mais cela dans l’égalité. On peut donc voir que l’élitisme et l’égalitarisme sont présents dans ces deux alternatives, mais avec deux sens différents. Or, j’ai le soupçon que la confusion de ses deux sens est savamment entretenue afin de nuire à la réflexion constructive.


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 11 février 2014 11:36

      À mes yeux, l’égalitarisme - le dogme de l’égale capacité des êtres en toute chose - est l’instrument de l’oligarchie ; un instrument génial puisque il est très difficile de critiquer l’égalité sans passer pour Iznogoud, celui qui veut faire chuter les élites dans le seul but de prendre leur place.


    • Gollum Gollum 11 février 2014 11:48

      L’image même de l’élitisme est d’ailleurs la Pyramide, cette Pyramide honnie par les obsédés des Illuminatis..


      Or cette image n’est en rien satanique, c’est même l’inverse, puisque le sommet symbolise Dieu. On en arrive donc à cette invraisemblance que les gens haïssent en masse un symbole qui est le reflet de la hiérarchie naturelle, cette hiérarchie naturelle ayant été déviée de son sens premier au profit d’une oligarchie financière prédatrice..

      qui elle aussi trône en minorité sur la masse.. Le diable imite le divin et arrive à faire en sorte que toute idée d’autorité est encore plus haïe et que l’idéal démocratique soit encore plus encensé alors que c’est cet idéal démocratique que la ploutocratie a mise en avant afin de nous berner… de nous flatter dans nos egos.

    • ffi 11 février 2014 15:19

      L’image de l’élitisme, c’est la lavement des Pieds.
      Telle est la vraie élite : elle n’est pas lointaine et inaccessible, elle est proche et accessible.
       
      Le diable n’imite pas Dieu, il nous en donne de fausses conceptions dont il revêt les habits pour s’y substituer.


    • maQiavel maQiavel1983 11 février 2014 16:33

      « Il s’éleva aussi parmi les apôtres une contestation : lequel d’entre eux devait être estimé le plus grand ?

      Jésus leur dit : Les rois des nations les maîtrisent, et ceux qui les dominent sont appelés bienfaiteurs. Qu’il n’en soit pas de même pour vous. Mais que le plus grand parmi vous soit comme le plus petit, et celui qui gouverne comme celui qui sert. Car quel est le plus grand, celui qui est à table, ou celui qui sert ? N’est-ce pas celui qui est à table ? Et moi, cependant, je suis au milieu de vous comme celui qui sert ». (Luc 22, 24-27)

       

      L’élite dans le sens christique du terme est incompatible avec les Etats. Dans un Etat, le plus grand domine sur le plus petit.


    • Gollum Gollum 11 février 2014 17:12

      L’élite dans le sens christique du terme est incompatible avec les Etats. Dans un Etat, le plus grand domine sur le plus petit.


      Oui, dans un monde idéal christique il n’y a que des frères et pas de rapports hiérarchiques. Mais nous ne sommes pas dans ce monde là. 

      La monarchie française dont le Roi était le sommet de la pyramide, pratiquait le rite du lavage des pieds à l’image de Jésus. Cela n’empêchait pas la Gouvernance.

  • Gollum Gollum 11 février 2014 11:49

    Sinon d’Aldols Huxley il y a Les portes de la perception qui est très bien. Vaste panorama de la vie mystique et spirituelle.


  • Avlula 13 février 2014 23:29

    Concernant l’interview de Peillon au début, qui ressemble à du chantage intellectuel, je suis une preuve vivante qu’il vaut mieux rester chez soi, s’il s’agit d’apprendre à lire/écrire/compter, car lorsque je suis entré relativement tardivement à l’école (moyenne section de maternelle, pour les matinées seulement), je savais déjà tout ça, j’ai par la suite sauté le CP, et je ne suis pas un cas isolé. L’avantage de l’école par rapport à rester chez soi en revanche, c’est de se sociabiliser.

    Excellente vidéo, édifiante avec notre regard actuel, il manque un replacement dans le contexte de l’époque je pense quand même pour être moins "à charge" comme dit Guéguen. Aujourd’hui avec nos progrès, tout est facile, à l’époque l’effort de tous comptait, pour se nourrir ou s’habiller, j’ose espérer qu’il y a ce genre de justification. Aujourd’hui on peut déplorer l’extrême inverse, le manque de formation manuelle sur des choses aussi basiques que coudre et jardiner par exemple. Le seul (énorme) truc qui me dérange vraiment c’est le bâton en fait, la recherche d’un résultat, d’une productivité.


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