samedi 16 avril 2016 - par Le Canard républicain

La place et le rôle du mouvement populaire dans la Révolution française, 1789 - 1795. Partie 4

Révolution française : la République démocratique et sociale construite par la Montagne, mérite-t-elle l'oubli et la calomnie dont elle est l'objet actuellement ? Y a-t-il eu "dictature" et "terreur" comme le crie le parti de l'aristocratie des riches d'aujourd'hui ? Le "droit à l'existence et aux moyens de la conserver", comme 1er des droits de l'homme, mérite-t-il l'occultation dans laquelle les mêmes le tiennent ?

 

L'historienne Florence Gauthier répond à ces questions.

 

 

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Vive la Montagne ; Vive la République une et indivisible. Béricourt.

 

Image : gallica.bnf.fr

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14 réactions


  • Et Hop ! 16 avril 2016 11:38

    Karl Marx avait raison, la Révolution française a été une révolution bourgeoise, un coup d’état de la bourgeoisie d’affaire, une classe dominante puissante qui use de violence pour en chasser une autre et prendre sa place.


    Il n’y a pas eu un seul homme du peuple aux États généraux, les représentants du Tiers état étaient exclusivement des bourgeois, représentants des villes, donc de la bourgeoisie.

    Les mesures prises par la Révolution ont tout de suite été libérales : libéralisation complète du prêt à intérêt, suppression de tout le droit social des corporations, interdiction des syndicats ouvriers, (mais pas des syndicats patronaux), nationalisation des terres pour les revendre en gros à des bourgeois qui ont viré les tenancier des censives, pour y mettre des fermiers.

    Le but de la Révolution était d’instaurer en France le régime manufacturier anglais, de pouvoir envoyer les petites filles en haillon pousser des charriots au fond des mines.

    Tout le reste est de la propagande pour légitimer les gouvernements issus de ce coup ’état en faisant croire qu’ils représentaient le peuple.

    • Joe Chip Joe Chip 16 avril 2016 14:19

      @Et Hop !

      Assez avec ce baratin gauchiste et complotiste sur la Révolution.

      Non, Marx a tort ! Les premiers révolutionnaires sont des aristocrates libéraux qui souhaitent rompre - et de longue date - avec la monarchie absolue, mais aussi des conservateurs angoissés par la diminution de leurs revenus terriens et patrimoniaux face à une bourgeoisie qui, elle, avait toute liberté pour s’enrichir. En effet, il était très difficile pour les aristocrates d’exercer une activité commerciale et lucrative (dérogeance) considérée comme indigne. Les charges réservées à la noblesse deviennent en outre de plus en plus onéreuses alors qu’elles ont beaucoup perdu en prestige (peu de nobles exercent par exemple une fonction militaire) ce qui diminue l’influence politique de la noblesse, et surtout sa légitimité aux yeux du peuple. Tout cela pousse une partie de l’aristocratie, la plus conservatrice, à se recroqueviller sur la défense de ses privilèges tandis que les aristocrates libéraux s’investissent sans ambiguïté dans le mouvement des Lumières aux côtés de l’élite intellectuelle de la bourgeoisie.

      Au contraire, la bourgeoisie occupe tous les postes de pouvoir (grands intendants, ministres) et en retirent des privilèges énormes sur le plan commercial (monopole dans les colonies, investissements, exemptions d’impôt, etc.). On peut même dire que la grande bourgeoisie a énormément profité de l’absolutisme royal et n’a que très tardivement basculé dans la contestation, à la veille de la Révolution, en 1788, lorsque Louis XVI a tenté d’imposer des réformes ambitieuses allant clairement dans le sens de la défense des intérêts du petit peuple :

      « En forçant le pauvre à entretenir seul les routes, en l’obligeant à donner son temps et son travail sans salaire, on lui enlève l’unique ressource qu’il ait contre la misère et la faim pour le faire travailler au profit des riches. »

      Louis XVI (1776) cité par Tocqueville.

      Or, les riches, ce sont les bourgeois, pas les nobles. En 1787, Louis XVI tente également d’apaiser la contestation du parlement (donc l’aristocratie) en réformant la justice et l’administration dont les rouages sont entre les mains de... la bourgeoisie. C’est à ce moment que les intendants déchus et les notables écartés basculent à leur tour dans la contestation. Louis XVI, trop bien intentionné, tentant de réconcilier des intérêts irréconciliables, a perdu tous ses soutiens, la monarchie se retrouve alors isolée face à la révolte aristocratique et bourgeoise. 

      A partir de ce moment-là, le seul moyen de sauver la monarchie aurait été de prendre à témoin le peuple, ce que Louis XVI a d’ailleurs tenté de faire, en faisant distribuer dans tout le Royaume à 400000 exemplaires un avertissement dans lequel il tente d’expliquer ses projets de réforme (portés par Calonne) et les résistances auxquelles il se heurte. 

      Mais il est déjà trop tard. Le désordre de l’administration, la dette et la famine provoquée par la mauvaise récolte de 1787-88 exacerbent les frustrations et le mécontentement du peuple, habilement récupérés et encadrés par la bourgeoisie, notamment à travers la rédaction des cahiers de doléances.

      L’ambition des Montagnards sera précisément d’émanciper ce mouvement populaire de l’influence révolutionnaire bourgeoise, avec les méthodes sanglantes et dictatoriales que l’on connaît.

      Donc, pour résumer, cette histoire de la "révolution bourgeoise" est essentiellement un mythe - colporté à la fois par la gauche marxiste et la droite réactionnaire, l’une pour contester à la bourgeoisie son statut de classe révolutionnaire faisant l’histoire, l’autre pour expliquer a posteriori sa chute et dissimuler ses erreurs, compromissions et trahisons des principes mêmes qu’elle prétendait servir. 

      Le but de la Révolution était d’instaurer en France le régime manufacturier anglais, de pouvoir envoyer les petites filles en haillon pousser des charriots au fond des mines.

      Complètement faux et caricatural. Les libéraux français (physiocrates) divergeaient avec les libéraux anglais sur des questions fondamentales : rôle du commerce par rapport à celui de l’agriculture, provenance du crédit, etc. Pour eux, la richesse française devait reposer avant tout sur la terre et sur les capacités agricoles du pays. Ce n’est que bien plus tard que les idées anglaises se sont imposées (monarchie de Juillet puis Second Empire). 

      Tout le reste est de la propagande pour légitimer les gouvernements issus de ce coup ’état en faisant croire qu’ils représentaient le peuple.

      La propagande aveugle et bornée, elle est de votre côté, vous qui répétez comme des perroquets l’histoire selon Marion Sigault & Alain Soral sans avoir approfondi ni même étudié sérieusement le sujet.


    • Joe Chip Joe Chip 16 avril 2016 14:38

      @Et Hop !

      Et il faut ajouter que les Anglais rejetaient l’intégralité du processus révolutionnaire, dans lequel il ne voyait qu’une opportunité historique d’affaiblir leur seul rival en Europe.

      C’est pourquoi ils se sont associés aux "losers" de la révolution, c’est à dire la minorité aristocratique ultra-réactionnaire, véritables idiots utiles qui ont permis à l’Angleterre de s’ingérer durablement dans les affaires du pays, tout en prenant en outre le parti de la religion catholique qu’ils avaient pourtant violemment combattu et politiquement éradiqué à l’intérieur de leur propre pays. 


    • Joe Chip Joe Chip 16 avril 2016 15:50

      @Bainville

      Effectivement, c’est une période extrêmement complexe où les tendances "conservatrices" et "progressistes" provoquent des divisions au sein de tous les ordres, clergé compris. Certains curés de paroisse ont immédiatement épousé les idéaux révolutionnaires qui étaient cohérents avec le gallicanisme... mis en place par la monarchie.

      On sait que les catholiques anti-maçons ont pu trouver refuge en Angleterre, où ils ont été accueillis par... des maçons. Le complot maçonnique est une fumisterie intégrale. Les loges maçonniques se divisaient d’ailleurs en deux grandes tendances, les loges "anglaises" et les loges aristocratiques (comme les neuf sœurs) qui sont à l’origine de la déclaration des droits de l’homme et qui ont été décimées sous la Terreur.

      La théorie républicaine, pour ne pas dire républicaniste de la révolution vue comme un "bloc" (selon la fameuse formule de Clémenceau) a mis un masque d’uniformité sur un phénomène qui n’a jamais été uniforme et linéaire. 


    • ffi 16 avril 2016 20:32

      @Bainville
      Voyons, voyons, Robespierre était clairement issu de la Noblesse de Robe (c’était un bourgeois). C’est même écrit sur l’étiquette : Robespierre.

      Les états généraux consistaient à réunir les représentants des trois genres de territoire existants dans le royaume de France : les fiefs nobiliaires, dirigés par un homme de la noblesse militaire, les fiefs ecclésiastiques, dirigés par un prêtre ou un abbé, et les fiefs bourgeois (communes, villes franches). Or ces fiefs bourgeois étaient dirigés, un peu comme aujourd’hui, par des personnalités d’importance, en cheville avec l’administration, généralement membre de la noblesse de Robe : juristes, avocats, professeurs de fac, procureur, sénéchal,...etc.

      Bon, je n’ai pas fait le tour de toutes les villes. Mais dans ma ville, pour laquelle j’ai eu accès à certains documents historiques, c’était ainsi. J’ai un ouvrage qui parle carrément de la dérive oligarchique communale, ceci, dès le XVe...

      Quoiqu’il en soit, il suffit de regarder la liste des représentants du Tiers-États aux états généraux, puis de considérer leurs métiers. Alors tout est très clair : l’ultra-majorité des représentants du Tiers-état sont des membres de la noblesse de Robe.


    • ffi 16 avril 2016 20:42

      @Joe Chip
      Non, Marx a tort !

      Oui, Marx a tort, mais pas comme vous le pensez !

      La bourgeoisie (ceux qui dirigeaient les communes) n’était pas particulièrement économique en France, mais... juridique et bureaucratique. Et la faune qui arpente l’assemblée nationale n’a guère changé depuis...


    • ffi 16 avril 2016 21:10

      @Joe Chip
      On sait que les catholiques anti-maçons ont pu trouver refuge en Angleterre, où ils ont été accueillis par... des maçons.

      Qui connaît l’histoire des guerres de Vendée sait que l’intervention Anglaise y est une succession de trahisons. L’armée catholique et Royale s’est lancée dans des expéditions fort de la promesse anglaise de débarquer. Au siège de Granville, par exemple. Mais les Anglais ne tinrent pas leur promesse.


    • Piloun Piloun 17 avril 2016 04:18

      @Bainville
      Je veux bien admettre que Robespierre n’était pas un anti cléricale fanatique, quoique ça reste à prouver. C’est un des principaux responsables de la terreur, et la loi des suspects si ça c’est pas être fanatique, je ne sais pas ce que c’est. Alors dire carrément qu’il défendait les valeurs chrétienne, faut quand même pas exagérer. En revanche ce qui est sûr c’est qu’il a fait couper la tête d’un tas de personnes, et en a persécuté d’autres, dont les seuls torts sont d’être resté fidèle aux valeurs chrétiennes.


    • julien julien 17 avril 2016 10:25

      @Joe Chip
      Qu’il y ait eu (et ai encore même si elles se sont largement aplanies) différentes maçonneries n’excluent pas une cohérence et un socle commun. Bien sûr qu’à l’époque chacun quel que soit son milieu social pouvait avoir intérêt à entrer en maçonnerie et qu’il y a avait des maçons chrétiens (et il y en a encore beaucoup aux Etats-Unis), sa nature ne s’était pas encore révélée au grand jour et même l’Eglise ne l’avait pas encore condamnée. Sans compter que les gens ne sont pas forcément cohérents et les intérêts personnels peuvent primer sur les convictions religieuses ou autres. Cela n’invalide pas pour autant la thèse du complot maçonnique contre l’Eglise et la tradition, loin de là. Surtout quand on voit où l’on en est plus de deux siècles après où la franc-maçonnerie a petit à petit donné le là à la société et où à peu près chaque citoyen est en maçon en puissance sans le savoir.


    • Piloun Piloun 17 avril 2016 11:36

      @Bainville

      Et moi je n’ai jamais dit que tu avais de la sympathie pour Robespierre, alors inutile de dire que je répond à côté.

      Je répond juste à ton ânerie "Robespierre s’est fait le défenseur de la spiritualité chrétienne" non mais carrément^^, désolé mais c’est archi faux et les faits montrent même l’inverse. Sa seule défense du christianisme est restée au niveau de son opposition aux mascarades anti-catholique qui ont atteint leur paroxysme en automne 1793.
      Qu’elles sont les sources qui indiquent qu’il aurait soutenu le bas clergé ? Parce qu’il ne s’est jamais opposé aux persécutions des prêtres réfractaires qui étaient considéré par Robespierre himself comme des contre-révolutionnaires, il était d’accord pour déporter cette "peste contagieuse"(ce sont ses mots à la tribune) en Guyane, ni ne s’est opposé à la transformation de Notre Dame de Paris en temple de la raison où de nombreux prêtres et vicaires à la suite de Gobel ont été obligé d’abjurer, pendant que lui, Robespierre, était précisément au comité de salut public et qu’il jouissait d’une aura et d’un pouvoir sans précédent, qu’il aurait pu arrêter ces horreurs anti chrétiennes et sataniques. Et je ne parle pas de la profanation des tombeaux des rois de France de la basilique Saint-Denis.

      Robespierre était déiste c’est vrai et il n’aimait pas du tout les athées, mais il n’a jamais défendu aucune valeur chrétienne.


    • Joe Chip Joe Chip 18 avril 2016 03:24

      @ffi

      Les Anglais n’ont pas trahi, ils ont soutenu le parti le plus faible qui n’avait aucune chance de l’emporter, et qui représentait donc un simple pouvoir de nuisance (d’aucuns diraient "idiots utiles").

      Les Anglais avaient tué leur roi catholique et mené des répressions impitoyables contre les catholiques irlandais, donc pourquoi venir en aide aux catholiques de l’Ouest qui, d’ailleurs, étaient plutôt hostiles à la centralisation monarchique jusqu’à la Révolution ? 

      Les Anglais savaient que tôt ou tard la Révolution se stabiliserait : tout l’enjeu pour eux était que cela se produisit plus tard que tôt. 


  • michel-charles 17 avril 2016 09:22

    L’histoire se répète..mais sans imagination il me semble aux vues des situations actuelles...l’humanité à connu son apogée au XIX siècles, et depuis l’industrialisation ne cesse de décroitre dans tous les domaines.. !


  • rmusic Mahler 17 avril 2016 12:18

    Je pense qu’il y’a une vision un peu simpliste quand on parle de révolution bourgeoise, beaucoup imagine que seule la bourgeoisie a fait la révolution toute seule et il y’a une vision monolithique là dedans, que ce soit pour dire que la bourgeoisie a faite la révolution où pour ceux qui disent que non il n’y avait pas que des bourgeois pour invalider la thèse d’une révolution bourgeoise. 


    En fait en france la Bourgeoisie n’est jamais arrivée à faire elle seule la révolution. A l’époque la bourgeoisie manufacture était peu développée et totalement faible face aux corporations et s’est rendue complice de la propriété foncière. La révolution fut donc essentiellement l’ouvre de la petite bourgeoisie et du prolétariat naissant, napoléon pour exporter la révolution bourgeoisie à travers ces guerres révolutionnaires continuatrices de la Terreur a du s’appuyer sur la paysannerie. En France avant de former son propre Etat la bourgeoisie eu besoin d’un siècle en s’appuyant sur toutes les classes(ce qui fait que même durant les autres révolution on ne peut résumer celles ci à une simple prise de pouvoir et d’intervention de la seule bourgeoisie)comme le prolétariat, les paysans ou encore les propriétaire fonciers. Et de la révolution à la troisième république la petite bourgeoisie(une grande partie des révolutionnaires étaient des avocats ce qui correspond bien à la petite bourgeoisie) a toujours était là, elle s’est de plus en plus immiscer dans les lieux de pouvoirs(administration, parlement, Etat etc). La bourgeoisie fut longtemps monarchiste, contrairement à la petite bourgeoisie dans la monarchie l’empêchait de s’élever politiquement, elle fut donc une ardente activiste de la révolution et surtout à partir de 1792 de la république. Ce qui explique aussi pourquoi la france a eu du mal à se développer, autant le capitalisme financier s’est rapidement développé autant l’industriel non. Cette influence est encore présente aujourd’hui, c’est ce pouvoir de la petite bourgeoisie qui explique aussi pourquoi la France est un pays très Etatiste(d’ailleurs les reines du pouvoir sont bien détenus essentiellement par des énarques et des avocats)

    • michel-charles 17 avril 2016 16:00

      @Mahler...Bonjour...En effet la bourgeoisie ne fait pas la révolution, elle la récupère.. !


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