Joe Chip Joe Chip 14 mars 2017 11:50

Je ne dirais pas qu’il coupe les cheveux en quatre, mais qu’il se focalise parfois sur l’aspect formel d’un argument plutôt que sur le fond - ce qui donne lieu à des reformulations et des circonlocutions qui ne sont pas toujours utiles ou pertinentes, autant de sa part que de celle de son interlocuteur.

Sur l’histoire du FN financé par la secte Moon et la CIA, à ce que j’en sais, c’est à dire pas grand-chose, il y a dû y avoir quelques échanges de valise dans les années 70-80 quand le FN était un micro-parti d’extrême-droite à l’idéologie un peu floue, libéral, anti-gaulienne, occidentaliste.

Ca n’a rien d’extraordinaire si c’est avéré, les Américains ayant soutenu par différentes méthodes de nombreuses officines d’extrême-gauche ou d’extrême-droite, par ailleurs hostiles sur le plan idéologique aux USA (nationaux-socialistes, islamistes, guérilla marxiste, etc.). Si les objectifs locaux et immédiats d’indépendantistes ou d’extrémistes religieux cadrent avec leurs objectifs stratégiques à long terme, le fait qu’il soit viscéralement anti-américains n’a aucune importance...

C’est là qu’Asselineau se fourvoie complètement sur cette histoire de financement du FN et sur la nature de ces relations. C’est comme les soraliens qui expliquent que chaque islamiste est relié par un fil invisible au Pentagone. Les Américains financent des mouvances dont ils savent pertinemment qu’elles leur sont hostiles, mais de leur point de vue, l’islamisme est un moindre mal par rapport à des Etats-Nations structurés. C’est ce que Brzezinski répond quand on lui fait remarquer que le bilan des opérations au Moyen-Orient depuis les années 80 a été un désastre géostratégique. Selon lui, les dégâts collatéraux - subis essentiellement par les populations locales - n’effacent pas le bénéfice principal, c’est à dire l’élimination de l’adversaire géostratégique soviétique. Je crois même qu’il l’a dit ouvertement dans une interview, genre le terrorisme islamique, c’est de la blague comparé aux Russes. Surtout que ce sont les Européens qui paient l’addition, en particulier les Français qui se sont alignés à partir de 2007 sur les thèses néoconservatrices.

Les pétainistes ont souvent accusé De Gaulle d’être un pion des Américains, ce qui était vrai dans une certaine mesure, l’intéressé le reconnaissant lui-même. Mais Roosevelt était aussi un pion dans le sien, De Gaulle parvenant finalement à retourner les alliés contre Pétain alors que ce dernier a longtemps été leur favori, en raison de sa complaisance. Ensuite, dès la fin de la guerre, De Gaulle a tout fait pour virer les Américains. 

Bref, la distinction entre manipulé et manipulateur n’est pas toujours aisée à faire, et il faut se garder de tirer des conclusions schématiques à partir de simples "financements".


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