Soi même 2 février 2017 00:23

Les années 1937 et 1938 se distinguèrent par leur immense cruauté. En 1937, Staline délivra l’ordre de dresser deux listes des ex-koulaks ministres du culte et prisonniers politiques ? : l’une de condamnés à être fusillés, l’autre de condamnés à la déportation en camps de travail. Ainsi, par l’ordre d’exécution n°00447, en date du 5 août 1937, quatre cents personnes étaient fusillées, chaque jour, au tristement célèbre polygone de tir de Butov. En fait, on fusillait partout à travers l’immense Russie… Parmi les fusillés, il y avait des milliers de religieux, dont des « ?Rénovateurs ? », dorénavant inutiles au régime, qui comprirent trop tard que les communistes ressemblaient au serpent du Paradis terrestre ? : ils promettaient beaucoup, mais ils apportaient la mort.

D’après Aleksander Jakovlev, président de la « ?Commission pour la réhabilitation des victimes des répressions politiques ? », deux cents mille membres du clergé, exclusivement orthodoxe, auraient été condamnés à mort entre 1917 et 1980. Ceci est un nombre approximatif qui demande à être affiné par les recherches en cours. Toujours d’après la dite commission, pendant les seules années 1937 et 1938 – les plus terribles –, 105 000 prêtres orthodoxes ont été fusillés. Il s’agit en fait des prêtres « ?identifiés ? ». En réalité, si on rajoute ceux qui ont été massacrés dans la clandestinité et dont on ignore les noms, le nombre des victimes est nettement supérieur. -

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Malgré une répression sanguinaire à l’égard des chrétiens, un sondage réalisé en secret par le gouvernement, au moment du recensement de la population en 1937, révéla que plus de la moitié des Soviétiques se déclaraient croyants. « ?Sur le sang des martyrs, la foi grandit, s’affermit et se magnifie ? », avait prévenu Maître Gourovitch, le défenseur, en 1922, du métropolite Benjamin de Pétrograd…

Ce sondage donna à réfléchir à Staline, confronté à la menace nazie. L’idée lui vint de refaire l’unité nationale contre l’envahisseur et de modifier son image auprès de ses alliés occidentaux. Dès lors, il accorda l’ouverture de milliers d’églises (il n’en restait plus qu’une centaine, ouvertes au culte, avec quatre évêques seulement) et l’élection d’un nouveau patriarche. -

- Cependant, cette mesure resta sous un contrôle gouvernemental strict. D’ailleurs, de nombreux clercs emprisonnés avant la guerre ne furent libérés qu’entre 1955 et 1957. De plus, dès que la victoire sur les Allemands s’avéra quasi certaine, le Comité central du parti communiste exigea, en septembre 1944, la reprise de la propagande antireligieuse. A cet effet, en 1947, la « ?Société pour la diffusion de la connaissance politique et scientifique ? » remplaça la défunte « ?Ligue des sans Dieu militants ? ». Néanmoins, le gouvernement soviétique ne pouvait plus se permettre de commettre des fusillades de masses, même si l’incarcération en camps et l’internement dans des hôpitaux psychiatriques « ?spéciaux ? » continuèrent et eurent aussi leurs victimes. Les sans Dieu agirent avec plus de subtilités en exerçant notamment des pressions morales sur leurs victimes. La consultation des archives soviétiques montre l’horreur des interrogatoires, les drames, les complicités et les infiltrations d’informateurs, les trahisons induites par la peur, etc. _


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