Joe Chip Joe Chip 10 janvier 2017 02:08

(suite)

Pourtant Hollande a reculé et a annulé l’intervention, car il n’en avait pas le pouvoir. Hollande ne décidait pas de manière souveraine. 

Je ne nie pas évidemment l’importance fondamentale de la volonté mais elle est intrinsèquement liée de mon point de vue à l’élément capacitaire, bien plus, en tout cas, qu’elle ne l’était pas le passé. Disons que de mon point de vue il existe une corrélation entre le niveau de puissance (militaire, diplomatique, culturelle et économique) et la capacité à décider librement. 

Je ne suis pas tout à fait d’accord non plus avec la définition un peu paranoïaque (au sens politique du terme) que tu donnes de la souveraineté. Tu acceptes à priori la thèse (que d’aucuns qualifieraient d’extrême-droite) selon laquelle la France ne serait pas libre de ses actes, influencée, dirigée secrètement par des "entités" situées à l’étranger ou représentant des intérêts étrangers. Il faudrait préciser ta pensée, car là cela reste un peu nébuleux. Je vois évidemment où tu veux en venir mais ce genre d’argument est difficilement théorisable et difficile à inscrire dans le cadre d’une théorie politique basée sur des éléments rationnels. Cette définition "négative" de la souveraineté est celle qui est brandie par tous les dictateurs pour accéder au pouvoir et s’y maintenir : "Nous sommes noyautés, contrôlés, donc accordez-moi tous les pouvoirs pour extirper le ver étranger du fruit national". 

Dans cette situation, je parle de souveraineté négative (en réalité seul l’Etat est souverain en s’isolant du monde et en réprimant le peuple) ou de souveraineté folklorique, comme en Amérique Latine, même si nous ne serons probablement pas d’accord à ce sujet. Les peuples sud-américains ont eu à souffrir une série invraisemblable de coups d’Etat et de massacres au nom de ce que l’exécutif ou des factions interprétait avec grandiloquence comme la défense de la souveraineté nationale (identifiée en réalité aux intérêts du groupe en question).

Je ne crois pas à la possibilité d’une politique qui se donnerait la souveraineté comme objectif, c’est pourquoi je critique le "fétichisme" de la souveraineté. Chez un type comme Asselineau, toute la politique est contenu dans la volonté souveraine, il y a clairement chez lui une dérive holiste qui n’est pas assumée comme telle mais que la forte personnalisation de son parti et l’enthousiasme de ses adhérents traduisent. 

Pour moi il n’y a aujourd’hui qu’une poignée de pays en plein exercice de souveraineté au monde, et c’est la raison pour laquelle un nombre grandissant de pays consentent d’autant mieux à renoncer à leur souveraineté qu’elle est devenue une situation largement théorique et à vrai dire un boulet à gérer sur le plan économique et militaire. 

Quand on retire les exceptions nord-coréennes et vénézueliennes qui sont de faux exemples de souveraineté (seul l’Etat y est souverain en s’isolant du monde et en répriment le peuple, même si on ne sera peut-être pas d’accord sur le cas vénézuélien) il ne reste guère que les Etats-Unis, la Chine, l’Inde, l’Iran, voire l’Arabie Saoudite qui excelle à convertir ses "partenaires" à la défense de ses intérêts. Ensuite je mettrais un groupe plus grand de pays dont la Russie, la France, l’Allemagne, le Japon, Israel mais aussi la Suisse, qui a dans ses coffres de quoi faire tomber de nombreux gouvernements. La Russie n’est pas assez puissante pour être totalement souveraine, Poutine peut faire pour le moment des paris très risqués car il est soutenu par les Chinois. Mais les Chinois ont aussi des visées expansionnistes sur la partie orientale de la Sibérie, laissée en friche par les Russes...

Bon, finalement, c’est pas succinct. J’espère que j’ai été à peu près clair. C’est toujours un plaisir de ne pas être d’accord smiley


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