Joe Chip Joe Chip 8 janvier 2017 14:15

@guepe

Disons, pour paraphraser Clémenceau, que la souveraineté est un sujet trop grave pour la confier aux souverainistes, surtout aux souverainistes actuels qui prônent à de rares exceptions près un retour en arrière généralisé qui est impossible (souverainiste de droite) ou qui font de la souveraineté un fétiche politique qui est censé résoudre tous les problèmes (souverainiste de gauche). 

Dupont-Aignan, Philippot, Chevènement, Asselineau, Guaino, Lordon, Sapir... franchement il faut être optimiste pour voir un renouveau de la pensée souverainiste chez ces gens.

Il y a effectivement un bon indice qui est révélateur de la décrépitude intellectuelle d’une famille de pensée, ce sont les guéguerres internes personnelles que l’on essaie de faire passer pour des conflits idéologiques. Les souverainistes sont comme les nationalistes autrefois, tu en mets 10 dans une pièce et tu as dix définitions différentes de la souveraineté. 

De toute façon, la souveraineté sans la puissance ne veut rien dire, donc il faudrait en priorité poser les conditions d’une politique de puissance, tant sur le plan économique, culturel que politique.  

En outre, vous ne pourrez pas d’un simple claquement de doigt modifier l’idéologie profonde des élites françaises qui n’est pas le souverainisme mais le clientélisme (en gros on profite de l’Etat quand ça nous arrange). 

Je lisais encore récemment un article dans Alternatives Economiques qui montrait que les grandes sociétés françaises étaient les seules au monde à ne pas traiter prioritairement avec des sous-traitants nationaux, et c’est également valable pour le secteur public. En Allemagne, le fonctionnaire hurluberlu qui déciderait d’attribuer un grand marché public à une boîte étrangère serait aussitôt viré, ou devrait se justifier très sérieusement, chiffres du coût du travail et du secteur concerné à l’appui. En France, tu as passé un concours super dur, donc tu sais tout mieux que tout le monde, donc si tu décides de faire bosser un prestataire roumain c’est forcément une décision motivée par la "rationalité économique" comme ils disent pour requalifier leur incompétence ou leur idéologie en neutralité.

En Allemagne, 80% de la sous-traitance est assurée par des entreprises nationales (autour de 30% en France), c’est ça la souveraineté au XXIème siècle, pas une armée miniature, des grandes envolées sur les Droits de l’Homme ou des grandes théories sur la souveraineté nationale.

En France, même les opérateurs des grands réseaux de distribution (énergie, eau, télécom) ont recours massivement à des prestataires étrangers. Comment voulez-vous parlez sérieusement de souveraineté nationale quand vous n’êtres même plus foutus d’entretenir vous-même à tarif compétitif vos infrastructures ? 

Désolé, mais ça commence là la souveraineté "non folklorique", pas dans les grandes analyses macro-économiques de hauts fonctionnaires déphasés (genre Asselineau et Philippot).


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