micnet 6 septembre 2015 22:05

@MaQ (et Joe Chip par la même occasion)


 Bonsoir à vous,

Ça y est, je prends enfin le temps de vous répondre et tiens d’une part, MaQ, à vous féliciter pour cet article de qualité et, d’autre part, à vous remercier pour avoir eu la gentillesse de mettre en lien un de mes anciens articles consacré à Tocqueville. Tout de même MaQ, nous devons avoir un don de transmission de pensée entre nous sans même le savoir pour publier un article pratiquement le même jour et traitant du même sujet (même pour si on en tire des conclusions différentes) concernant la démocratie, vous ne trouvez pas ? smiley
 
Pour ce qui est du fond de votre article, ma foi pour tout vous dire, je n’ai pas grand chose à objecter : puisque je suis d’accord avec le fait que Tocqueville n’était pas fondamentalement un antidémocrate. 
Et j’ajoute que moi non plus je ne suis pas un antidémocrate (je fais cette précision surtout pour Joe Chip qui semble voir en moi un facho tendance essentialiste radical. Moi je plaide pour un régime mixte qui reprendrait les avantages de l’aristocratie et de la démocratie. En revanche, j’assume parfaitement le fait d’être catalogué comme un "antimoderne" smiley.

En fait messieurs, mon seul propos est d’attirer l’attention sur le fait que notre société moderne ne jure QUE par la démocratie, comme si on n’avait plus le droit de la remettre en cause (quitte même à vouloir mettre en avant ses mauvais aspects dans le but de parfaire cette dernière, ce qui était typiquement la démarche de Tocqueville). C’était le sens de mon dernier article.
Si donc vous êtes de bonne foi (et nul doute que vous ne le soyez pas), vous admettrez, j’espère, que les gens comme moi qui aujourd’hui mettent en avant les vertus de l’aristocratie ne sont franchement pas légion en comparaison de tous ceux, qu’il s’agisse de l’UMPS, du FN ou des "dissidents" du net, qui expliquent à longueur de journée que tous nos malheurs viennent du fait que nous ne sommes pas en démocratie. Moi je pense plutôt l’inverse et estime qu’il y a TROP de démocratie et trop de mise en avant de "l’individu-roi". Ce n’est évidemment que mon avis mais honnêtement, avouez que les "aristocratophiles" comme moi ne pesons pas lourd dans le débat, si ? smiley

Enfin, je terminerai en citant Aristote (je ne cite pas Platon puisque la plupart des gens de gauche voient en lui le "père du nazisme"...) qui, contrairement aux "modernes", n’attribuait pas une quelconque supériorité à un régime plutôt qu’un autre :

"Puisque constitution et gouvernement signifient la même chose, et qu’un gouvernement c’est ce qui est souverain dans les cités, il est nécessaire que soit souverain soit un seul individu, soit un petit nombre, soit un grand nombre de gens. Quand cet individu, ce petit ou ce grand nombre gouvernent en vue de l’avantage commun, nécessairement ces constitutions sont droites, mai quand c’est en vue de l’avantage propre de cet individu, de ce petit ou de ce grand nombre, ce sont des déviations. Car ou bien il ne faut pas appeler citoyens ceux qui participent à la vie de la cité, ou bien il faut qu’ils en partagent les avantages.
Nous appelons d’ordinaire royauté celle des monarchies qui a en vue l’avantage commun ; parmi les constitutions donnant le pouvoir à un nombre de gens petit mais supérieur à un, nous en appelons une l’aristocratie soit parce que les meilleurs y ont le pouvoir, soit parce qu’on y gouverne pour le plus grand bien de la cité et de ceux qui en sont membres. Quand c’est la multitude qui détient le gouvernement en vue de l’avantage commun, la constitution est appelée du nom commun à toutes les constitutions, un gouvernement constitutionnel. Et c’est rationnel, car il peut arriver qu’un seul individu ou qu’un petit nombre se distingue par sa vertu, alors qu’il est vraiment difficile qu’un grand nombre de gens possèdent une vertu dans tous les domaines, avec comme exception principale la vertu guerrière : elle naît en effet dans la masse. C’est pourquoi dans cette dernière sorte de constitution c’est la classe guerrière qui est absolument souveraine et ce sont ceux qui détiennent les armes qui participent au pouvoir.
Les déviations des constitutions qu’on a indiquées sont : la tyrannie pour la royauté, l’oligarchie pour l’aristocratie, la démocratie pour le gouvernement constitutionnel. Car la tyrannie est une monarchie qui vise l’avantage du monarque, l’oligarchie celui des gens aisés, la démocratie vise l’avantage des gens modestes. Aucune de ces formes ne vise l’avantage commun’."

Aristote (325-323 av. J.-C.), Politiques,Livre III, chap. 7, 1279 a 25, trad. P. Pellerin, coll. " GF ", Éd. Flammarion, 1990, pp. 229-230.

---> Dernière remarque pour MaQ : vous aurez noté que pour Aristote, la démocratie (je dis bien la DÉMOCRATIE et non l’ochlocratie) constitue une "déviation" du gouvernement constitutionnel !


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