Joe Chip Joe Chip 21 juillet 2015 08:41

C’est amusant de voir les contempteurs habituels du marxisme et du gauchisme (yoananda & cie) tomber d’accord avec Marx sur les Juifs alors que Marx ne fait qu’appliquer strictement les critères du matérialisme historique au judaïsme.

En outre, il faut se replacer dans le contexte socio-culturel du XIXème siècle. A l’époque, les ghettos juifs sont nombreux en Europe et les juifs laïcs, progressistes et émancipés qui se reconnaissent désormais dans la pensée occidentale, rationaliste et universaliste, cherchent à saper l’autoritarisme rabbinique qui impose encore sa loi au sein de la communauté juive.

Les propos de Marx sont donc dirigés avant tout contre l’élite communautaire juive, c’est à dire les rabbins. C’est une manière de ramener les Juifs sur Terre, au milieu des hommes, en démontrant que ce sont leurs conditions matérielles d’existence qui ont produit leur système de pensée religieux, et non pas l’inverse, ce qui revient à contester la légitimité du pouvoir religieux des rabbins.

Paradoxalement, cette hostilité déclarée envers les rabbins - qui avaient tout intérêt au contraire à maintenir les Juifs dans les ghettos où ils pouvaient exercer leur tyrannie tribale - allaient servir de tremplin aux financiers juifs du XIXème siècle qui ont rapidement pu constituer de véritables empires financiers à l’extérieur de la communauté juive, sans se trouver limités dans leur expansion par les freins traditionnels et communautaires. Marx a donc largement contribué à séculariser l’autorité symbolique des rabbins en la transférant vers une nouvelle élite communautaire constituée essentiellement de banquiers et de financiers. 

Beaucoup d’"israélites" - comme on disait à l’époque - embrassaient d’ailleurs cet idéal des Lumières qui promettait de faire des Juifs des citoyens comme les autres, jusqu’à ce que la seconde guerre mondiale et les camps de concentration les ramènent brutalement à la réalité du ghetto comme constitutive de l’identité juive. A partir de là, la pensée identitaire a repris le dessus sur le courant moderniste et rationaliste au sein des élites juives et a ramené progressivement les rabbins - avec leur archaïsme communautaire - sur le devant de la scène politique. Cette évolution se retrace évidemment dans le destin d’Israel, qui est passé en quelques décennies d’un idéal collectiviste et néo-marxiste à une théocratie racialo-religieuse basée sur l’exception identitaire juive. 

Au passage, Soral - pas à une contradiction près - dit exactement le contraire de Marx puisqu’il affirme que c’est le judaïsme en tant que système religieux et culturel qui a conditionné la mentalité historique des Juifs.


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe