Éric Guéguen Éric Guéguen 21 octobre 2014 16:48

Quand je dit que nous avons "désappris" notre animalité politique, je n’entends pas par là que ce soit irréversible. Comme toute chose innée, notre condition politique n’est simplement que recouverte d’un vernis social qui nous flatte toutes et tous : l’on se plaît à croire que nous sommes des individus spontanés, ne devant rien à personne et aptes à choisir ce qu’il y a de meilleur (et de meilleur pour notre pomme avant tout).

 

Une chose à ajouter : je me méfie comme de la peste des formules qui unifient les êtres humains dans un type bien précis de comportements. Pour moi, la nature humaine est plurielle, tant dans les goûts et désirs que nous manifestons tous, que dans nos aptitudes, dans nos capacités diverses et variées. En revanche, je demeure convaincu que nous sommes, spécifiquement, des animaux grégaires, des individus certes, mais en devenir constant, dans le contact de nos vis-à-vis communautaires quotidiens.

 

Pour conclure, je pense que la carence dont vous parlez provient du gouffre induit par la représentation : nos gouvernants sont amenés, par la généalogie que j’ai rappelée plus haut, à légiférer sans qu’ils n’aient jamais réellement à subir les conséquences de leurs propres lois, et sans même avoir à ce soucier de cela puisque leur métier leur est assuré par le régime lui-même. La démocratie que j’appelle de mes vœux est constituée sur le modèle grec : ho boulomenos ! La politique, comme la philosophie ou toute autre chose, se pratique au quotidien, ou elle n’est pas. La démocratie doit fait droit à l’amateurisme en politique (non péjoratif), sans pour autant perdre de vue la nécessité des vertus, tant morales qu’intellectuelles (et qui ne sont pas universelles, loin s’en faut). Autrement dit, au sein même de la "société civile" (formule à bannir du coup), il faut amener des gens honnêtes, "décents", et calés dans leurs domaines respectifs, à prendre des responsabilités politiques, annuellement, et mettre en place une rotation des charges. Ce n’est pas évident et dit comme ça, cela semble tombé du ciel. Mais à mes yeux, le salut est là... et, bien entendu, aucun homme politique ne répondra à cela autrement que par des rires mal étouffés.


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