maQiavel maQiavel 11 septembre 2014 18:57

@haze

-Enfin bon, ne jamais dire jamais, ou aucun juste parce que ca colle bien avec ta facon de penser.

------> Tu as raison, je n’aurais pas du écrire « jamais », il faut être prudent, « en général » aurait mieux convenu.

Pour te répondre : j’ écris aussi que les grands principes moraux sont utilisés pour masquer des volontés de puissance.

Est-ce que tu penses que les romains ont fait ce que tu as décrits plus haut au nom des principes moraux ? Je réponds que c’est possible mais ce n’est pas tout : ils avaient aussi en tête la puissance romaine.

Un extrait du discours sur les décades ou justement machiavel parle de ces deux exemples :

Chapitre XX : Un trait d’humanité fit plus d’impression, Sur les Falisques que toute la puissance des Romains :

« Pendant que Camille était avec son armée auprès de la ville des Falisques, dont il faisait le siège, un maître chargé de l’éducation des enfants les plus distingués de la noblesse de cette ville crut pouvoir s’attirer, par une perfidie, la bienveillance de ce général et celle du peuple romain. Étant donc sorti de la ville avec [p. 298] ses élèves, sous prétexte de leur faire prendre de l’exercice, il les conduisit dans le camp, et les présenta à Camille, en lui disant qu’il remettait entre ses mains des otages avec lesquels il forcerait facilement la ville à se rendre. Non seulement ce célèbre Romain n’accepta point son offre, mais il fit encore dépouiller ce traître de ses vêtements, lui fit lier les mains derrière le dos, le livra ensuite à ses enfants, et leur ordonna de le reconduire dans la ville en le frappant avec les verges qu’il leur avait fait distribuer à cet effet 1. Quand les Falisques surent ce qui venait de se passer, ils furent si touchés de l’intégrité et de l’humanité de Camille, qu’ils se décidèrent sur-le-champ à lui ouvrir les portes de leur ville, sans vouloir se défendre plus longtemps.

Cet exemple prouve qu’un trait d’humanité, de bienfaisance a quelquefois beaucoup plus d’empire sur l’esprit des hommes qu’une action marquée au coin de la violence et de la cruauté. Il prouve aussi que des provinces, des villes que les armes, l’appareil menaçant des machines de guerre et le déploiement de toutes les forces humaines n’ont pu subjuguer, sont souvent vaincues par un acte d’humanité, de sensibilité, de respect pour les mœurs, ou de générosité. L’histoire en offre beaucoup d’autres exemples. Les armes des Romains ne pouvaient chasser Pyrrhus de l’Italie ; Fabricius, en lui dévoilant la perfidie de son médecin qui avait offert aux Romains de l’empoisonner, l’en fit sortir par ce trait de grandeur d’âme ».

En réalité, il s’agit d’une forme de soft power antique, vaincre les adversaires sans combattre par l’influence, en leur montrant à quel point on est vertueux.

Mais les romains savaient très bien évaluer à quel moment le faire, mais lorsque leur existence était en danger, Machiavel montre bien qu’ils n’hésitaient pas à user de moyens dit immoraux.

Donc il y’ a bien dans tes deux exemples des acteurs avec des impératifs de puissance en vue et qui agissent en conséquence.

Je pense donc qu’il est possible que des lois internationales de la guerre émergent, si une nation hégémonique unipolaire considère que dans l’intérêt de son soft power, il lui faut défendre de grands principes mais cela sera valable tant qu’il en aura intérêt. Si le contexte change et que cet acteur hégémonique considère qu’il est dans son intérêt de se torcher le derche avec ces lois, il le fera …


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