Éric Guéguen Éric Guéguen 20 février 2014 09:54

@ Latigeur :
 
Excusez-moi si j’ai pu vous prêter des idées que ne sont pas les vôtres.
Maintenant à vous de rendre quelques comptes... parce que j’ai la nette impression que vous ne prenez absolument pas en compte la crise politique majeure qui, si elle s’exprime en France mieux qu’ailleurs, est assez générale dans le monde occidental.

 

Comment expliquez-vous, je vous prie, le désamour croissant entre les élites dirigeantes (élus et gouvernants mis dans le même sac, et j’y tiens...) et la base des simples producteurs-consommateurs ? Pourquoi les gens n’ont-ils aucune confiance en la classe politique ? En l’éducation nationale ? En la justice ? En les médias ? Pourquoi ? Pourquoi sont-ils demandeurs de tant de voix dissonantes et à contre-courant, notamment sur un média alternatif tel que l’Internet ? Pourquoi ? Pourquoi les Français ne sont-ils pas sensibles comme vous pouvez l’être à la belle harmonie des "commissions rendant rapport sur rapport" ?

 

Sur la peine de mort : Mitterrand n’était pas représentatif de la France, il a profité de son élection pour faire passer un article du progrès, il en avait parfaitement le droit. Mais c’était une prise d’otage. Les socialistes ont voulu cette abrogation, pas les Français dans leur ensemble. Or, c’était un sujet de société trop important pour ne figurer que sur un tract électoral. Vous semble-t-il très sain que dès lors, tout débat sur la peine de mort ait été condamné ? C’est "démocratique" ça ? Ça permet le changement que vous louez par ailleurs ? Aux USA il me semble - pour en revenir à eux - vous trouvez des livres pro et des livres anti-peine de mort. Quelle leçon en tirer ?

Si aujourd’hui nous organisions un sondage à ce sujet, feriez-vous le pari que les gens contre la peine de mort seraient majoritaires, malgré le catéchisme que l’on nous sert à ce sujet ?

Tenez, si ça vous intéresse, j’avais eu l’occasion d’en débattre devant caméra chez Robin avec un contradicteur :

http://www.agoravox.tv/tribune-libre/article/debat-historique-pour-ou-contre-la-32169

 

Sur la mariage pour tous : pourquoi n’avoir pas organisé un référendum et avoir laissé entendre que "sur un tel sujet, ça n’était pas possible" ? Pourquoi diable ?

 

 Enfin, sur les technocrates, ne me prêtez pas non des propos que je n’ai pas dits :

"j’ai l’impression que vous appelez technocrate un savant dont le discours ne vous convient pas et savant, un technocrate dont les idées vous agréent."

Eh bien c’est une mauvaise impression que vous avez là, Monsieur Latigeur. J’appelle savant celui ou celle qui dispose d’un savoir dans un domaine particulier. Pas besoin d’avoir fait une grande école pour ça ; ça aide, mais tous les "savants" n’en sont pas issus. Le technocrate est celui appointé pour un savoir, prenant des décisions afférentes, et qui, ses revenus aidant, n’aura pas à vivre les mécomptes de ses propres décisions prises dans l’espace public. Ça vous va comme définition ?

 

Par conséquent, la démocratie que j’appelle de mes vœux est celle qui d’une part admet qu’il y a des gens savants et d’autres moins savants, et qui d’autre part, parmi ces savants, favorise ceux qui ont une vie ordinaire, comprenez par là une promotion de l’amateurisme dans le bon sens du terme : est amateur celui qui n’est pas mercenaire et qui se donne, non par intérêt mercantile, mais par passion, par devoir ou par vocation à l’exercice pratique du savoir dont il dispose.



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