Éric Guéguen Éric Guéguen 19 février 2014 16:07

Je développe :
 
Dernièrement, dans le prolongement de l’affaire Dieudonné, le fameux sketch de Desproges sur les Juifs a été sorti des cartons. Eh bien des sites l’ayant proposé ont été obligés de le retirer car il drainait, à son tour, des propos antisémites d’une grande violence.
Ça c’était pour l’exemple pris.
 
Pour ce qui est de ma thèse, je pense qu’une démocratie comme la nôtre (que j’appelle "cardinale", fondée en nombre et non en raison... ou régime représentatif si vous préférez Morpheus !) ne peut pas se permettre la liberté d’expression.
Démonstration en 8 points :
 
1. La démocratie moderne table sur l’égale capacité de chacun à comprendre la complexité du monde ;

 
2. Elle se targue de promouvoir la liberté d’expression ;

 
3. Selon l’égalité des intelligences et des jugements qu’elle promeut, elle ne rend légitime que des opinions ayant l’art de fédérer des majorités, sans le moindre jugement de valeur intrinsèquement anti-libéral ;

 
4. Elle constate ensuite que le talent d’orateur de certains les conduit à véhiculer sur la place publique des idées contraires au progrès de commande ;

 
5. Ces personnes risquent donc, par leur talent, de fédérer des majorités autour de certaines idées ;

 
6. La démocratie a alors recours, en désespoir de cause, au jugement de valeur auquel elle s’était promis de renoncer, constatant au passage que l’on ne peut y couper ;

 
7. Ne pouvant revenir sur l’égalité des intelligences (purement formelle) qu’elle vantait au préalable, la démocratie n’a d’autre choix que d’agir en amont, c’est-à-dire de brider la liberté d’expression des « populistes » qui « dérapent » de manière « nauséabonde » ;

 
8. Au final, l’illusion de l’égalité est maintenue, le jugement de valeur s’impose coûte que coûte, et c’est la liberté d’expression qui trinque.

 

Le nombre est un matériau trop instable pour se voir concéder la liberté d’expression. La démocratie d’opinion ne peut donc s’offrir une telle liberté, trop dangereuse. Et le fait qu’elle refuse à l’antisémitisme le statut d’opinion est symptomatique : par définition, avant d’être déclaré criminel (ou délictueux), l’antisémitisme est bel et bien une opinion. Une opinion certes dangereuse, mais une opinion quand même. Ce qui laisse entrevoir qu’il y aurait de bonnes opinions, et de nettement moins bonnes. D’où un besoin de jugement de valeur auquel la démocratie d’opinion ne peut se résoudre. Attachée à préserver l’opinion en tant que telle de toute souillure, les mauvaises opinions sont déclarées "crimes". C’est encore l’une de ces magouilles sémantiques dont ce régime a le secret...


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