Éric Guéguen Éric Guéguen 9 novembre 2013 19:10

Il faut que vous arrêtiez d’opposer Aristote-le-cerveau à Machiavel-l’estomac. Aristote, c’est le cerveau ET l’estomac. Si j’avais dû ne m’attacher qu’au cerveau, j’aurais opté pour Platon.
Aristote est celui qui nous dit, "le sage est en effet le meilleur homme sur terre, mais si le reste corrompu de l’humanité veut sa mort, il n’est pas bien avancé".
En gros, l’estomac est cause efficiente, le cerveau est cause finale. Machiavel perd de vue la causalité, et l’estomac, premier dans les besoins, se croit maintenant premier en importance.
 
Admettons que je désire me rendre en voiture de Paris à Lyon. Je fais le plein d’essence en conséquence. Et voici notre dialogue de sourd :
Vous : "si vous voulez aller à Lyon en voiture, que vous le voulions ou non, vous aurez besoin d’essence".
Moi : "certes, mais c’est parce que je veux aller à Lyon que j’ai besoin d’essence, ne l’oublions jamais".
Ce que je vous dis, c’est que nous devons avoir à l’esprit la destination, je ne vous dis pas qu’il faut y aller à pied. Or, aujourd’hui, nous consommons de l’essence pour le plaisir d’en consommer, sans jamais se soucier d’une direction commune.
 
À présent, comment vais-je convaincre de mon système ? Et d’une, je prends parfaitement en compte les paramètres empiriques et les nécessités de la vie (grâce à Aristote), et de deux, je redéfinis la direction commune (toujours grâce au même), et de trois, je n’aurai pas recours à la guerre pour l’imposer, car je n’ai rien à imposer. Si l’immensité de mes congénères demeure infoutue de se sortir les doigts, il sera dans la logique des choses qu’elle passe la main et disparaisse dans la profusion marchande. J’aurai fait de mon mieux, comme certains autres.


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