Éric Guéguen Éric Guéguen 29 décembre 2012 22:50

@ Machiavel1983 :
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"...la hiérarchie découle d’un rapport de forces"...
Pas pour moi, Machiavel. C’est précisément l’inverse qui se produit. Une hiérarchie s’impose, et c’est parce que cette hiérarchie devient insupportable qu’elle engendre un rapport de forces à son encontre. On peut le comprendre vis-à-vis des hiérarchies violentes du passé, on peut le comprendre également vis-à-vis des hiérarchies enjôleuses du monde actuel. Les premières étaient subies, les secondes sont motivées.
Or, je le répète, à mes yeux la hiérarchie est plus que nécessaire, elle est consubstantielle à l’humanité. Mais elle doit être légitime. Lorsque dans mon boulot j’ai au-dessus de moi quelqu’un je je reconnais objectivement comme plus compétent, je me soumets à la hiérarchie. Si la personne en question est un véritable salopard, il m’invite à ne plus croire en la hiérarchie, talent ou pas de sa part. Mais il est des cas également où j’ai affaire à quelqu’un à la fois de compétent ET d’intègre : là se manifeste le véritable équilibre hiérarchique, et là est le véritable rôle, selon moi, de la politique, à savoir assigner à chacun sa place dans la société, sans acception de personnes.
Je ne nie aucunement qu’il soit bien difficile de cerner les gens à la fois compétents et intègres, je dis simplement que, précisément parce que c’est difficile, nous n’avons jamais essayé de le faire et que - pire encore ! - le chemin que nous suivons depuis des décennies va carrément en sens inverse : nous ne portons plus, à notre tête, que des gens fourbes et incapables. Leur seule qualité est d’être de bons sophistes et de prendre une majorité d’électeurs dans les rets de leurs programmes attrape-gogos. Si vous saviez combien je maudis l’empire des majorités ! smiley
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Sur Chouard, j’ai peu à dire, sinon que j’ai cessé de croire en sa bonne volonté. Je ne porte pas l’esprit bourgeois dans mon cœur, loin de là, mais vouer une telle haine aux riches, je trouve ça très suspect.
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Ensuite, vous me parlez des serfs... Et là, Machiavel, je suis au regret de vous dire que vous me tendez le bâton pour vous faire battre. Je vous cite :
"... Le protecteur ne l’ a nullement contraint , il lui fait une proposition et le paysan accepte par pusillanimité.C’ est donc son manque de force contre ses penchants les plus pervers ( désirer qu’ un autre meurt pour soi même pour qu’ on puisse continuer de cultiver paisiblement ses terres). C’ était pas des modernes ..."
=> Tout comme le Romain du IIe siècle, le serf su XIVe n’a pas toutes les cartes en main ! S’il s’en remet au mercenaire ayant fait son deuil d’une vie familiale et suffisamment nanti pour s’offrir un destrier et des armes de guerre, c’est qu’il n’est pas dans les mêmes conditions que ce soldat en puissance, lors même qu’il vit dans un monde dangereux.
Alors, bien sûr, nous autres, citoyens modernes, n’avons pas non plus toutes les cartes en mains, mais sommes-nous contraints pour autant de nous rendre aux arènes/stades de foot pour nous divertir ? Non. Toute la culture nous est offerte sur un plateau à moindre coût. Sommes-nous contraints, de même, de stipendier des mercenaires pour notre défense personnelle ? Bien sûr que non. L’État-nurserie se charge d’envoyer au casse-pipe des pros de la gâchette afin que nous continuions à produire et consommer pour alimenter la sainte croissance. Voulez-vous que je vous dise ? En définitive, je pense que le Romain du IIe siècle et le serf du XIVe siècle auraient adoré avoir nos petits soucis, notre crisette économique et nos petits complots d’enfants gâtés. Et je n’exagère qu’à peine...
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Sur la philosophie :
Vous avez raison de pointer ce risque, qui est celui de se retrouver dans la position du parent qui avertit son enfant de mettre sa ceinture au volant. L’enfant n’en faisant qu’à sa tête, il finit par se tuer éjecté de son véhicule et laissant derrière lui un parent démuni et en détresse.
Néanmoins, lorsque l’on sent que l’on est fait pour quelque chose et que cette chose peut rendre service, même modiquement, à son pays, n’a-t-on pas le devoir de s’y consacrer, vaille que vaille ?


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