lundi 20 janvier 2014 - par Éric Guéguen

Une enclave démocratique

Quelle est la seule parcelle véritablement démocratique dans le régime politique actuel ? La fonction de juré d'assises. Non seulement il serait malvenu de la supprimer, mais il ne serait peut-être pas inutile de sonder dans quelle mesure ses tenants et aboutissants pourraient être transposés de la justice à la politique. Ce qui nous renvoie à la question du professionnel, du profane et de leur complémentarité.

 

 

Issu de Le bien commun, d’Antoine Garapon, le jeudi de 15h00 à 15h30 sur France Culture.



12 réactions


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 20 janvier 2014 12:49

      Merci LadyFel, très intéressant.
      C’est vrai qu’on ne soupçonne pas toujours l’épreuve que cela représente.
      La personne invitée dans l’émission que j’ai mise en ligne parle, elle aussi, de son expérience de juré.


    • LadyFel 20 janvier 2014 14:49

      Bien sûr, mais j’ai pas résisté ... Io c’est une copine. 


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 20 janvier 2014 14:52

      Tiens, il aurait été intéressant de savoir combien parmi nous ont des connaissances à avoir été jurés, ou l’ont été eux-mêmes. Moi, je n’en connais qu’une à l’avoir été, c’est bien peu !!


    • Haze Haze 20 janvier 2014 17:06

      Personne pour ma part. J’en avais presque même oublié que ca existait.


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 20 janvier 2014 17:10

      C’est dire !!...


  • O Scugnizzo O Scugnizzo 20 janvier 2014 18:57

    Personnellement j’ai étudié un peu le sujet et faut dire que ce tirage au sort est tout de même intéressant. Très marginal dans certains pays d’Europe, en ce sens où il existe selon des conditions restreintes, s’exerce très encadré par les "professionnels" (qui voient généralement d’un mauvais oeil ces profanes, jugés trop émotifs) et finalement peu de personnes sont choisies. Il n’a franchement pas grand intérêt dans l’état où il existe. Il est plus important aux USA, où on peut aussi se porter candidat mais apparemment l’affluence est très faible pour ne pas dire nulle. Mais ce qu’il y avait d’intéressant dans les témoignages, notamment en France et en Suisse (supprimé depuis quelques années), c’est la sensation initiale de l’obligation, de la malchance, voire du dépit, ce qui change complètement une fois en situation. Les jurés amateurs se prennent totalement au jeu et se découvrent une identité citoyenne insoupçonnée, s’intéressent au fonctionnement juridique, n’hésitent pas à critiquer la magistrature etc. Certes, après le procès, tout rentre dans l’ordre, mais pour des raisons structurelles. Il n’en reste pas moins que le tirage au sort a été une étape souvent marquante de la vie d’un juré amateur, étape qui est susceptible de changer la vision de l’articulation entre soi et la société. Les témoignages recueillis illustrent assez bien cette phrase paradoxale qu’on entend souvent dans la bouche des démocrates radicaux, à savoir qu’il faut faire confiance aux incompétents. Le moment venu, ce qui se présente comme une obligation sociale non-choisie (tirage au sort) exalte en réalité la force citoyenne de l’individu.


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 20 janvier 2014 19:39

      Entièrement d’accord avec vous. Merci pour la pertinence de votre commentaire.


  • LadyFel 21 janvier 2014 14:10

    Si on considère que les Assises sont le dernier bastion de la démocratie, alors il serait temps de réviser la conception de l’âge féodal, dont nous avons hérité du XIXème siècle, de Michelet et cie... et de reconnaître qu’il y avait aussi une démocratie du Moyen Age. 


    En effet, les cours d’Assises du Moyen Age, telles qu’elles sont décrites par Kevin Crossley-Holland dans son cycle Arthur, à destination de la jeunesse, explique bien comment dans un fief, tous les habitants ( des deux sexes) de plus de 13 ans étaient convoqués pour siéger.. le seigneur étant le juge chargé de faire appliquer la loi coutumière, les habitants étant les jurés ; il y avait le délinquant ou criminel, son accusateur et éventuellement son avocat... les jurés décidaient de la culpabilité ou de la non culpabilité à la majorité.. et selon l’issu des débats le seigneur appliquait la sentence correspondante... selon la loi, et commandait son exécution. 

    Autrement dit on est loin de la doctrine de l’Education Nationale, selon laquelle "le seigneur avait tous les droits"... En réalité,formellement, il cumulait peut-être les pouvoirs exécutif et judiciaire, mais dans le cadre de la loi... 

    • Éric Guéguen Éric Guéguen 21 janvier 2014 14:21

      Excellentes remarques de votre part. J’aurais aimé que tout le monde vous lise, il y a bien plus de choses à apprendre dans vos propos relativement à la démocratie que dans tous les délires complotistes qui pullulent sur ce site.
      Malheureusement, j’ai fait un flop avec mon article. Soyez néanmoins remerciée pour cette analogie constructive.


    • LadyFel 21 janvier 2014 14:49

      Merci... j’ai découvert cette oeuvre avec mes enfants... et j’ai été enchanté par le parti pris de réalisme historique de l’auteur (contrebalancé par une référence constante à la légende arthurienne non expurgée) chose qui n’a pas plu à tout le monde,voir la critique malveillante sur le site que je cite...

      On comprend pourquoi... Lorsqu’on sort des schémas convenus sur le Moyen Age, il est certain qu’on contrevient à une idéologie qui détermine toute l’éducation mise en place depuis la 3ème république...avec la connivence servile des auteurs français de livres pour la jeunesse, et leurs éditeurs. 

      Malheureusement pour nous, les Britanniques n’ont pas les mêmes desseins, au contraire... ils sont fiers de s’inscrire dans une suite de générations qui ont forger leur destin... siècle après siècle, et ce sont les meilleurs auteurs jeunesse...

      Je me demande même si le dégoût pour la lecture n’est pas soigneusement instillé à nos enfants dès son apprentissage... afin d’éviter des prises de conscience précoces.

    • Éric Guéguen Éric Guéguen 21 janvier 2014 14:55

      Je vais me repencher sur L’esprit des lois, il y a beaucoup de choses à en tirer également d’un point de vue historique médiéval.


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