lundi 29 août 2016 - par maQiavel

Laïcité à la française ?

Alors que les débats se multiplient sur l’ostentation de signes religieux dans l’espace public, il est bon de mettre en perspective historique, philosophique et politique la notion de « laïcité ». Et cela pour une raison évidente : des camps qui s’affrontent se revendiquent d’une « laïcité à la française » en lui donnant un contenu différent. Voici donc une petite mise en perspective de la notion de laïcité qui doit permettre à tout un chacun de se construire une opinion en connaissance de cause , ce qui est l’un des devoirs du citoyen.

 

Commençons par cette émission de "ce soir ou jamais", datant du vendredi 10 avril 2015 : « Quelle place laisser aux religions dans notre pays ? »

 

 

Ce débat a le mérite de détricoter la pelote de confusions et d’amalgames qui existe dans l’opinion sur la notion de " laïcité à la Française "en posant les bonnes questions. Dans le désordre :

 

Qu’est-ce que la religion ? Est-elle un objet public ou privé ? La France a-t-elle tendance à réduire les libertés religieuses ? La liberté religieuse se limite-t-elle à la liberté de conscience ou se manifeste-t-elle également par l’expression de ses convictions religieuses et par la liberté des pratiques religieuses ? Qu’est-ce que la liberté de culte ? Distingue-t-on ce qui relève du principe juridique et ce qui relève de la défense de la tradition, des us et des coutumes ? Le principe juridique peut-il avoir une épaisseur idéologique ? Que signifie "séparation de la religion et de l’Etat " ? S’agit-il de la négation de la dimension collective de la religion ? La religion est elle libre de s’exprimer collectivement mais ne devrait bénéficier pour autant d’aucune reconnaissance de l’Etat ? Qu’est-ce que l’espace public ? La voie publique en fait-elle partie ? Existe-t-il une distinction entre la voie publique et les lieux publics officiels ? Doivent-ils être neutres ? Faut-il établir une distinction de traitement dans l’ostentation de signes religieux dans les lieux publics officiels entre les citoyens et les représentants de la république ? Comment faire la différence entre le signe ostentatoire religieux, le symbole non religieux et l’effet vestimentaire ? La neutralité religieuse doit-elle être comprise comme l’interdiction de tous les signes religieux dans l’espace public ou comme la garantie de la plus grande diversité des expressions sans que l’Etat ne favorise une expression religieuse par rapport à une autre ? Qu’est-ce que la laïcité ? La loi de 1905 (qui dans son deuxième article mentionne que la République ne reconnait, ne subventionne, ni ne salarie aucun culte) est-elle respectée ? Met-elle un terme au régime des cultes reconnus ? La croyance et/ou les croyants doivent-ils être respectés ?

 

Voici à présent une vidéo de Jean Boussinesq qui explique qu’il existe une laïcité de combat et une laïcité catho-laïque qui font la guerre au sein du camp laïc à une laïcité pacificatrice qui était à l’origine de la loi de 1905.

 

Il pose également la question de la visibilité des signes faisant référence à la religion islamique.

 

 

Et pour finir, une conférence de Jean Baubérot, fondateur de la sociologie de la laïcité et auteur du livre « les 7 laïcités française. Le modèle français de la laïcité n’existe pas  ».

 

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Jean Baubérot propose une étude socio-historique de la laïcité à partir d’idéaux-types inspirés de la sociologie wébérienne. Il nous livre ainsi une cartographie des représentations de la laïcité : 
 

la laïcité antireligieuse : qui se représente les religions comme des phénomènes malfaisants dont l’influence doit être éradiquée de la société par une intervention de l’État.
 

la laïcité gallicane : qui cherche aussi à lutter contre les religions, mais en les contrôlant. 
 

les laïcités séparatistes : qui insistent sur la neutralité et la non-intervention de l’État sur les religions ainsi que sur le caractère laïque de la législation.
 

la laïcité ouverte : qui repose sur l’idée que les religions doivent être en débat dans la société et non cantonnées à la sphère privée car ce sont l’exclusion et le cloisonnement qui font le lit des intégrismes.
 

la laïcité identitaire : qui se culturalise en s’appuyant sur les racines chrétiennes de la France pour mieux lutter contre les religions « importées » dont particulièrement l’islam.
 

la laïcité concordataire : selon le modèle en vigueur dans les deux départements alsaciens et en Moselle très favorable aux Églises, beaucoup considèrent ce modèle comme un héritage du passé qu’ils n’hésitent pas à proposer comme un modèle qui pourrait être étendu au reste de la France.
 

Pour contrer l’idée du « modèle français de laïcité », il utilise la notion de « laïcité dominante » qui est le produit du rapport de forces entre les partisans des différentes représentations. Cette définition sociale implicite constitue un enjeu politique et médiatique fort.

 

 

Sources vidéo :

 

losbrujos1

OummaTV .tv

Les Amis du Temps des cerises




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