mercredi 29 janvier 2014 - par Éric Guéguen

Bien commun et anthropologie du don

Alain Caillé est sociologue et professeur émérite à l'Université Paris Ouest Nanterre La Défense. Il est cofondateur de la revue du MAUSS (Mouvement Anti-utilitariste dans les Sciences Sociales) ainsi que du laboratoire SOPHIAPOL (Sociologie-Philosophie-Anthropologie-Politiques). Cet entretien d'une demi-heure permet d'avoir accès à une synthèse de son entreprise de déconstruction du mythe de l'homo œconomicus. De manière sous-jacente, Alain Caillé laisse transparaître la nécessité d'un retour au politique, à l'enchâssement de l'individu dans sa communauté d'appartenance, voire à une réactualisation de réflexes sociaux ancestraux.

 

 

Cet entretien est intéressant à plus d’un titre, même s’il n’aborde pas suffisamment les changements politiques et anthropologiques qu’une mise au pas du tout-économique implique de nos jours.

 

Principaux ouvrages cités :

 

Essai sur le don, de Marcel Mauss

 

La Grande Transformation, de Karl Polanyi

 

Divers :

 

Abrégé du manifeste convivialiste

 

Site du MAUSS

 

Page wiki Revue du MAUSS

 

SOPHIAPOL

 



28 réactions


  • Philippe Baptise 29 janvier 2014 14:05

    Merci pour le partage. Ca m’a permis de découvrir Karl Polanyi, je viens de commander "La grande transformation".


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 29 janvier 2014 14:10

      Bonjour Philippe.

      Excellent choix. Je travaille dessus actuellement. L’optique polanyienne constitue une voie médiane entre le marxisme et le libéralisme. Un autre livre de Polanyi a été traduit il y a trois ans, La subsistance de l’homme, un peu brouillon car inachevé, mais complémentaire. Et puis ses Essais sont aussi parus, sous la direction d’Alain Caillé, mais je ne les ai pas encore lus.


    • Anaxandre Anaxandre 30 janvier 2014 00:59

       Je conseille vivement à ceux qui ne l’aurait pas lu : "Les Argonautes du Pacifique occidental" de Malinowski, sur les échanges symboliques, et qui sera l’inspirateur de Mauss.


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 30 janvier 2014 04:03

      Exact. Je ne l’ai pas encore lu non plus. Merci à vous.


  • QaviQeQuarQo QaviQeQuarQo 29 janvier 2014 22:30

    merci, tres bon entretien


    très bon explication du concept de don de mauss que les occidentaux ont du mal a comprendre parfois.


    Dans mes expériences : l hospitalité marocaine par exemple qui n est pas du tout a voir comme de la charité, 
    ou quand mes amis berbères dépensaient 6 mois de salaire pour faire une grande fête oú ils invitaient tout le village, même des gens qu ils n appréciaient pas trop....

    Voir même en France quand mes oncles se battaient pour payer l addition au restaurant....

    Ce n est pas seulement une charité béate a la soeur emmanuelle, mais bien un rapport de force différent de nos rapport utilitaristes capitalistes moderne, ou le but n est plus l accumulation matérielle, mais le prestige du male, de la famille ou du clan.

  • QaviQeQuarQo QaviQeQuarQo 29 janvier 2014 22:39

    Une question :


    Il critique le fait de tout rapporter a l économie,

    mais n est ce pas le grand probleme de la gauche justement de ne se focaliser que sur la dimension sociale et morale et de délaisser l economie ?
    Probleme qui lui vaut toujours des critiques :"loin des réalité"

    j ai cru comprendre que c est l affect, l amour qui allait nous apporter le bien etre économique.
    Arreter de le chercher pour qu il advienne.
    J ai bon ? smiley


    Ne surestime t il pas le pouvoir de sa matière sociologique ?

    Le probleme est bien économique, mais la solution ne peut elle pas aussi etre économique dans un registre différent ?


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 29 janvier 2014 23:57

      Bonsoir à vous, et merci pour vos commentaires.
       
      Pour vous répondre, je dirais que des gens comme Mauss, Polanyi, Caillé - forcément de gôôôôche, comme la plupart des intellectuels - se démarquent tout de même de leurs coreligionnaires en ce sens qu’ils ont tenté de mettre de côté le présupposé que partagent ET les marxistes, ET les libéraux, celui d’un substrat humain intrinsèquement économique et de superstructures culturelles comme autant de suppléments d’âme secondaires (art, philosophie, politique, religion, etc.).

       

      Ensuite, le fait qu’ils demeurent attachés au concept de société me fait dire qu’ils ne vont pas au bout de leur remise en question anthropologique : lorsque Mauss ou Polanyi semblent déplorer les rapports autres que marchands, encore en vigueur ailleurs et définitivement perdus - semble-t-il - dans les pays occidentaux, ils ne focalisent que sur l’aspect commercial. Pour ma part, j’ai tendance à croire que le désenchâssement de l’économie, sa mise en liberté vis-à-vis de la politique s’est accompagnée de la libération de l’individu vis-à-vis de sa communauté d’appartenance. Et cet individualisme, typiquement occidental et pain béni pour le futur commerce-roi, il nous faut bien en admettre ET les bons côtés, ET les mauvais. Eh bien lorsque Alain Caillé et le MAUSS attaquent de front le tout-économique, je ne suis pas certain qu’ils sont prêts à payer le prix de sa remise au pas, qui devrait inévitablement s’accompagner d’une temporisation de l’individualisme, donc de la société d’ayants droit.

       

      Enfin, je ne pense pas que l’on puisse résoudre le problème économique par davantage d’économie encore, ou de l’économie autrement. Je pense, à l’instar de Polanyi, que l’économie doit être réenchâssée dans la politique, science architectonique. Ceci implique parallèlement de réenraciner l’individu dans sa communauté d’appartenance.


    • QaviQeQuarQo QaviQeQuarQo 30 janvier 2014 00:41

      Ceci implique parallèlement de réenraciner l’individu dans sa communauté d’appartenance.


      n est ce pas justement le programme du socialisme des origines ?

    • Éric Guéguen Éric Guéguen 30 janvier 2014 04:08

      Tout dépend par ce que vous appelez "socialisme des origines". S’il s’agit d’un proto-communisme, oui. Si l’on parle de ce qui a commencé à germer fin XVIIIe siècle, absolument pas. Le socialisme est un individualisme qui ne s’assume plus comme tel : il fait passer l’individu avant la communauté, est pourvoyeur de droits en conséquence, et il n’invoque la société qu’en vue de donner encore plus de droits à l’individu. Réenraciner l’individu dans sa communauté d’appartenance, c’est avant tout le faire passer après celle-ci, et donc le pourvoir en devoirs. Faire de lui un héritier, non un ayant droit.


  • maQiavel maQiavel1983 30 janvier 2014 13:48
    Merci Gueguen, très intéressant. J’ai rencontré Marcel Mauss et l’anthropologie du don chez Michéa mais je ne l’ai jamais lu directement.
    Je suis d’ accord avec tout ce qui est dit. Je nuancerai sur un élément très important :
    L’homme est divers, on ne peut pas dire comme les économistes qu’il n’est qu’un homo -économicus, c’est du réductionnisme idiot, je suis d’ accord avec ça. Mais en vertu de cette diversité il existe aussi des homo-économicus !
    Selon moi nos idiosyncrasies nous conduisent naturellement à être plus attirés par la sphère ou économique (visant la satisfaction des besoins élémentaire nécessaire à la reproduction de la vie immédiate, l’estomac), ou politique (comprise comme, permettre l’essor d’une vie civile prospère et harmonieuse , les mains ) ou culturelle (celle de la philosophie, des arts etc. , le cerveau ) voir des combinaisons à plusieurs niveaux (je m’inspire de la tripartition sociale pour la cuisiner à ma sauce).
    Je prends mon propre exemple : je suis plus attiré passionnément par la sphère politique modérément par la sphère économique et très peu par la sphère culturelle.
    Mais ce n’est pas parce que l’on a un tropisme pour l’une des sphères qu’il faut considérer que cette dernière est plus importante que les autres, les sociétés humaines sont un tout et il y’ a une division du travail sur le plan sociétal, les trois sont indispensables, pas besoin de hiérarchiser.
    Le problème est que le capitalisme est une dégénérescence de l’économie, c’est une évolution technique de la chrématistique marchande dont parlait Aristote qui « substitue l’argent aux biens, une activité contre nature et qui déshumanise ceux qui s’y livrent ».
    Cette dégénérescence a pris possession de la sphère économique (révolution capitaliste de la moitié du 15 ème siècle), puis culturelle (les lumières, l’humanisme etc.) et enfin politique (traduit par les divers révolutions Européennes et par la colonisation pour les territoires extra européens) pour devenir un fait social total.
    Pour l’économiste, qui est un agent totalisant de cette totalité, l’homme n’est pas un homo -économicus mais un homo-chrématicus devant sur le plan économique rentabiliser le capital, agir politiquement (ou plutôt laisser les représentants agir et voter à l’occasion) pour rentabiliser le capital, et célébrer cette rentabilisation capitalistique par les arts et la philosophie s’agissant de la sphère culturelle.
    En tous cas, c’est ma perception des choses, elle n’est pas arrêtée et peut être que je dis des âneries …


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 30 janvier 2014 14:23

      Non, vous ne dites pas des "âneries", seulement je ne suis pas d’accord.
      Si, en contemplant une tablette de chocolat, sachant que je suis diabétique, je me la tape en entier sans vergogne, c’est que les mains l’ont porté à ma bouche sur "ordre" (façon de parler !!) de mon estomac, le cerveau n’ayant pas part à l’affaire pour tempérer la gourmandise. Pour éviter un tel désastre, le cerveau doit faire son boulot, calmer les ardeurs de l’estomac, faire en sorte que la main ne cède pas, bref, veiller à la cohésion de l’ensemble.

       

      En ce qui me concerne, comme vous le savez déjà, je ne dissocierais pas la main du cerveau, ni donc la politique de la philosophie. L’une et l’autre vont de pair, on agit parce que l’on pense, et l’on pense pour agir. L’estomac ne peut être mis au même niveau. Pour ne pas mourir de faim, le cerveau doit certes se soucier de l’estomac, mais en cas de mort, on ne peut pas dire qu’elle sera intervenue par la volonté de l’estomac, mais plutôt par l’absence de volonté du cerveau qui dirige en définitive. Le cerveau peut décider de laisser l’ensemble mourir de faim ; l’estomac, lui, ne "décide" rien, c’est un objet organique.

       

      Nous en sommes là, nous nous laissons guider par un objet organique...


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 30 janvier 2014 14:38

      "Nous en sommes là, nous nous laissons guider par un objet organique..."
       
      Ce à quoi j’ajouterais que la démocratie est nécessairement plus sensible à cette configuration sociale : nous avons tous un estomac, un cerveau c’est moins sûr ! smiley


    • maQiavel maQiavel1983 30 janvier 2014 14:52

      -Pour éviter un tel désastre, le cerveau doit faire son boulot, calmer les ardeurs de l’estomac, faire en sorte que la main ne cède pas, bref, veiller à la cohésion de l’ensemble.

       

      R / Je suis d’ accord avec votre exemple. Seulement on peut en donner deux autres, celui d’un amputé et celui d’un homme dont l’estomac dysfonctionne, dans tous les cas, si un de ces trois éléments dysfonctionne, c’est le désastre.

      -En ce qui me concerne, comme vous le savez déjà, je ne dissocierais pas la main du cerveau, ni donc la politique de la philosophie.

      R / Oui je sais. Moi je dissocie les deux. Vous dites « L’une et l’autre vont de pair, on agit parce que l’on pense, et l’on pense pour agir », vous avez raison, mais il y’ a « penser » et « penser ».

      Je veux dire qu’ on attend pas d’ un homme politique qu’ il se lance dans des spéculations métaphysiques très complexe avec des mots très compliqués , on attend de lui qu’ il gouverne , qu’ il mène des actions concrètes pour la cité , de faire  ce qu’il faut faire dans les circonstances ou il se trouve, comme il peut le faire et avec les moyens dont il dispose. D’être pragmatique.

      Il est indispensable qu’un homme d’Etat ait au moins une ébauche de culture philosophique, mais il n’est pas indispensable qu’il soit philosophe, certains l’étaient et cela a été une catastrophe ( je pense à Cicéron mais il y’ a des tas d’autres exemples) à part quelques exceptions comme Marc Aurèle. Et cela fonctionne dans l’autre sens, de grands hommes d’Etat se sont révélés de piètre philosophes.

      En tous cas, j’ai la conviction que philosopher et mener une action politique, ce n’est pas la même activité et cela demande des qualités bien différentes.


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 30 janvier 2014 14:59

      "En tous cas, j’ai la conviction que philosopher et mener une action politique, ce n’est pas la même activité et cela demande des qualités bien différentes."
       
      Ça oui, bien sûr, ce que je veux dire c’est qu’à défaut de trouver des personnes possédant ces deux facultés, il faut au moins faire en sorte qu’aucune des deux ne soit négligée. Or, nous sommes loin du compte.


    • maQiavel maQiavel1983 30 janvier 2014 15:12

      On ne peut négliger aucun des trois (je remets la sphère économique dans l’affaire). Et je ne pense pas qu ‘ il faille absolument trouver des gens qui soient aptes pour les trois, comme je disais plus haut, la société est un tout .Pour reprendre le terme d’Alain Caillé, chacun peut s’adonner à sa sphère de prédilection pour la société, les collectifs sont supérieurs aux individualités.

      -L’estomac ne peut être mis au même niveau. Le cerveau peut décider de laisser l’ensemble mourir de faim ; l’estomac, lui, ne "décide" rien, c’est un objet organique.

      R / Je sors de la métaphore organiciste : les agents économiques ont leur mot à dire. Ils doivent pouvoir décider de leur action dans cette sphère économique, en interactions avec les agents culturels et politiques bien sur mais il leur faut une certaine autonomie.


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 30 janvier 2014 15:25

      C’est là que je ne suis plus du tout d’accord : que les gens aient le droit de produire et consommer, c’est plus qu’un droit, nous l’avons dit, c’est une nécessité. Libre à eux de ne faire que ça, voilà mon côté libéral.
      Mais pour que ces activités soient mises au même niveau que les activités de l’esprit sous prétexte qu’il faut respecter l’autonomie et la légitimité de ces sphères, il faut envisager trois société distinctes. Or, tout le monde conviendra du fait que les trois (ou deux pour moi) doivent être unifiées en un tout englobant qui est nécessairement plus que la somme sèche des parties, sans quoi on a l’impression d’un simple contrat entre elles.

       

      Je ne suis pas holiste au sens d’une fonction définitive assignée aux individus pour le bien de la communauté, mais je le deviens vis-à-vis de l’enchâssement fondamental de l’économie dans la politique, ce que propose Polanyi, et ce que défend, peu ou prou Alain Caillé.


    • maQiavel maQiavel1983 30 janvier 2014 15:45

       

      -Mais pour que ces activités soient mises au même niveau que les activités de l’esprit sous prétexte qu’il faut respecter l’autonomie et la légitimité de ces sphères, il faut envisager trois société distinctes. 

      R / Une précision : moi je ne hiérarchise rien et personne n’ a le pouvoir de hiérarchiser ces trois sphères , là-dessus chacun a son opinion ( celui qui est plus versé dans la sphère politique considérera que  c’ est le plus important , pareil pour ceux qui sont plus passionné des autres sphères et d’ autres ne se poseront pas la question , chacun pense ce qu’ il veut , c’ est mon coté libéral ).

      Pour le reste il n’y a pas besoin d’envisager trois société distincte il n’ y’ a pas trois personne en nous, une sorte de trinité humaine puisque nous sommes chacun dans nos activités alternativement des agents de ces trois sphères (pour reprendre vos termes, nous avons tous un temps économiques, un temps culturel et un temps politique).

      Aussi vrai que nous sommes un (je ne parle pas des schizophrènes),  la société l’est également et l’autonomie de ces trois sphères ne change rien à cette réalité.

      tout le monde conviendra du fait que les trois (ou deux pour moi) doivent être unifiées en un tout englobant 

      R / Evidemment et ce tout, c’est la société (ou la communauté, terme qui convient peut être mieux).

      -Je ne suis pas holiste au sens d’une fonction définitive assignée aux individus pour le bien de la communauté, mais je le deviens vis-à-vis de l’enchâssement fondamental de l’économie dans la politique

      Je comprends l’absurdité (qui est en réalité un génie maléfique si on analyse bien ) de la situation nous radicalise , dans une forme de monté aux extrêmes  par mimétisme.

      Mais au delà de cette radicalité qui s’exacerbe, vous savez qu ‘ il y’ a un temps pour toute chose pour chacun de nous ( cfr temps politique , économique etc.)


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 30 janvier 2014 15:59

      Non, j’ai prétendu qu’il y avait un temps domestique (simple consommation ou passions particulières qui peuvent être hautement spirituelles ou artistiques), un temps technique ou professionnel (production, gain de salaire), et un temps proprement politique (englobant ce que cela comprend d’effort intellectuel), non mercenaire comme le temps professionnel, et soucieux du commun contrairement au temps domestique.

       

      Je ne suis pas libéral vis-à-vis du tout, car : si un individu peut se permettre, moyennant finances, de se contenter de dormir, de manger et de faire caca, négligeant la part intellectuelle en lui-même, une communauté, elle, ne peut pas se le permettre. Et je dirais même que c’est précisément parce qu’il fait partie d’une telle communauté que l’individu peut se permettre une telle négligence en s’en remettant au travail intellectuel de certains de ses semblables. Il prend alors le risque de se voir dicter des comportements, mais ne peut s’en prendre qu’à lui-même.

       

      Entendons-nous bien, dans une communauté de sages ou de moines, je ne tiendrais absolument pas le même discours, mais parce que tout le monde n’est pas capable de frugalité, d’équilibre et d’éthique personnelle - et il en sera ainsi tant que des hommes vivront et naîtront !! - cette inclusion de la production-consommation au sein de la vie politique me semble primordiale, inévitable.


    • maQiavel maQiavel1983 30 janvier 2014 16:14

      En incorporant la production et la consommation dans la politique, vous aller créer le capitalisme le plus brutal : le capitalisme d’Etat.

      Je ne dis pas non plus que le politique ne doit pas avoir son mot à dire sur la sphère économique, les institutions politiques doivent donner un cadre, au-delà, cela concerne les agents économiques en tous cas c’est ainsi que je le vois.

      -Je ne suis pas libéral vis-à-vis du tout, car : si un individu peut se permettre, moyennant finances, de se contenter de dormir, de manger et de faire caca, négligeant la part intellectuelle en lui-même, une communauté, elle, ne peut pas se le permettre.

      R / Mais ne croyez vous pas que spontanément des gens dans cette communauté, poussée par leur nature profonde s’engageront dans la sphère politique et culturelle ? Il y’ a des choses qui ne se décrètent pas et qui se font spontanément  !

      Moi je pars du postulat que si les institutions d’une communauté fixent les cadres politiques, économiques et culturels, les choses s’agenceront spontanément, chaque sphère s’adonnera à son activité et entre, les individus passeront au gré de leurs idiosyncrasies et aspiration du moment d’ une sphère à l’autre . 


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 30 janvier 2014 16:22

      "Mais ne croyez vous pas que spontanément des gens dans cette communauté, poussée par leur nature profonde s’engageront dans la sphère politique et culturelle ?"
       
      Ok, et c’est gens décideront, par exemple, du montant de l’imposition, non ? Et croyez-vous que les autres acceptent ça sans broncher ? Comment direz-vous à ceux qui ne s’intéressent pas à la politique qu’ils n’avaient qu’à s’y intéresser ? Oui parce que ces gens pourront très bien vous répondre "je n’ai aucune idée de ce que qu’il faut faire et j’ai autre chose à penser, mais en tout cas ça, je n’en veux absolument pas, et c’est mon droit"...
       
      Voilà comment je résumerais les choses :
      Si vous me dites qu’il doit y avoir le droit de s’intéresser à autre chose que la politique car il n’y a pas que ça dans la vie, je vous réponds : OUI ! Encore heureux !!
      Si en revanche vous me dites qu’il doit être possible de se désintéresser totalement de la politique, là, savez-vous ce que je vous réponds : OUI à nouveau, seulement dans ce cas on doit perdre ses droits politiques.


    • maQiavel maQiavel1983 30 janvier 2014 16:42

      -Mais ne croyez vous pas que spontanément des gens dans cette communauté, poussée par leur nature profonde s’engageront dans la sphère politique et culturelle ?Ok, et c’est gens décideront, par exemple, du montant de l’imposition, non ?

       R / Ceux d’ entre eux qui s’occuperont de politique, oui.

      -Et croyez-vous que les autres acceptent ça sans broncher ? 

      R / Mais il peut y avoir des discussions à ce sujet qui finalement concerne les trois sphères. Derrière l’imposition des plus riches par exemple , l’ agent politique perçoit des entrées d’argent pour réaliser des projets , l’ agent culturel voit l’ occasion d’ énoncer les principes de justice en s’ appuyant sur la philosophie , l’ agent économique peut y voir une lourdeur dans l’ activité , les convergences et divergences susciteront des débats dans la société civile et politique. Heureusement que les autres n’accepteront pas cela sans broncher.

      -parce que ces gens pourront très bien vous répondre "je n’ai aucune idée de ce que qu’il faut faire et j’ai autre chose à penser, mais en tout cas ça, je n’en veux absolument pas, et c’est mon droit"...

       R / Moi je suis pour une distinction citoyen passif et actif s’appuyant sur la volonté, vous le savez, ça règle partiellement ce problème. Mais cela n’ empêche que les citoyen passifs ont le droit de participer aux débats quand ils se sentent concernés.

      -Si en revanche vous me dites qu’il doit être possible de se désintéresser totalement de la politique, là, savez-vous ce que je vous réponds : OUI à nouveau, seulement dans ce cas on doit perdre ses droits politiques.

      R / Je suis d’ accord avec vous et je pense que c’est fondamental.


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 30 janvier 2014 16:51

      Dans ce cas, c’est réglé, nous tombons d’accord, car si vous pensez que des gens auront leur mot à dire, ils devront discuter, se renseigner, débattre, se documenter, bref s’investir et passer du temps à tout ça... autrement dit ils ménageront une place dans leur vie au temps po-li-tique !!
      Et ceux qui refusent ce temps réflexif, qui est aussi le temps de l’action à mener conjointement, ou qui auront à dépenser trop de temps domestique (famille nombreuse, passions prenantes) ou de temps technique (véritable amour pour son boulot) devront accepter de s’en remettre aux décisions de ceux qui, eux, auront fait cet effort.

      Monique, cette chère Monique, devra finir par comprendre ce que lui disait Boris... smiley


    • maQiavel maQiavel1983 30 janvier 2014 17:25

      On est d’ accord, c’est quand même la moindre des choses de considérer que les droits politiques entrainent des devoirs. On trouverait dingue un type qui demande des dividendes à une entreprise alors qu’il n’y travaille pas.

      Monique, Monique, Monique … c’est vrai qu’elle me fait peur celle là. smiley

      D’ une manière ou d’ une autre, il va falloir la convaincre, si rationnellement ca ne passe pas, il faudra passer à quelque chose de plus … psychanalytique , là-dessus je n’ ai pas de scrupules , la fin justifie les moyens.

       

       

       


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 30 janvier 2014 17:32

      "On trouverait dingue un type qui demande des dividendes à une entreprise alors qu’il n’y travaille pas."
       
      Sauf qu’en l’occurrence, le type vit dans l’entreprise ("gestion" de la communauté).

      Toute l’importance de l’activité politique réside dans ce paradoxe.


    • maQiavel maQiavel1983 30 janvier 2014 17:46

      Oui … mais …cela ne la place pas pour autant au dessus des autres activités (culturelles et économiques).

      Parce que au fond l’individu vit dans la société qui doit être pensée ( par la culture ) gérée ( par la politique ) et nourrie ( par l » économie ).

      Ne pas remplir ses devoirs politiques, c’est accepter que d’autres prennent des décisions politiques à votre place. Ne pas participer à l’économie de la cité, c’est accepter que d’autres prennent des décisions économiques à votre place etc.

      Au final, d’autres feront toujours ce que l’ on ne peut pas faire soi même dans une société et heureusement …


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 30 janvier 2014 17:50

      Considérer qu’il appartient aux économistes de prendre des décisions économiques, c’est retomber dans le travers actuel, celui de la gouvernance économiciste.

      Les économistes (experts) doivent être consultés, mais à partir du moment où ils passent du temps à la réflexion, ils font déjà de la politique, fût-ce dans le domaine économique. C’est la raison pour laquelle je parle de réenchâsser l’économie dans la politique.


    • maQiavel maQiavel1983 30 janvier 2014 18:13

      -Considérer qu’il appartient aux économistes de prendre des décisions économiques, c’est retomber dans le travers actuel, celui de la gouvernance économiciste.

       

      R / Non, je ne parle pas des économistes mais des agents de la sphère économique càd ceux qui ont une activité dans la production de biens et services .Les choix dans leurs activités économiques leur appartient et tant que ces choix restent conforme aux institutions et aux lois en vigueur, le politique ne devrait pas avoir son mot à dire.


  •  Qanelle Qanelle 30 janvier 2014 19:48

    Eric, il m’endort ton bonhomme, il est pas sexy, en plus je suis sure qu’il pue des pieds.

    deleuze est beaucoup plus mimi. salut

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