Eric Mazet : "J’ai fait le tapin" pour Sud Radio
Eric Mazet était invité de Morandini ! sur Direct 8. L’ex animateur de Sud Radio qui avait provoqué la polémique avec son émission sur le lobby juif et DSK au mois d’août dernier s’expliquait pour la première fois à la télé sur ce qui s’est passé ce jour là.
Mais sur le plateau de Direct 8, le malaise s’installe quand Jean-Marc Morandini lui fait soudain la lecture de mails qu’il a envoyés à sa direction dans lequels il affirme assumer pleinement l’émission qui a été faite, contrairement à ce qu’il dit aujourd’hui.
Il affirme avoir été "télécommandé à distance par un des conseillers de la radio qui lui envoyait des SMS lui disant ce qu’il fallait faire".
A la question de Jean-Marc Morandini, de savoir pourquoi il a tout accepté sans rien dire, y compris d’aller sur un terrain favorisant les réactions antisémites, il répond : "J’étais prêt à tout pour la radio. Et si vous me demandez si j’étais capable de me jeter par la fenêtre si on me l’avait demandé je réponds : oui. (...) Ce jour là, j’ai fait le tapin pour eux, pendant que le conseiller lui était dans son bain et m’envoyait des SMS m’expliquant ce que je devais dire et faire."
Une histoire qui illustre une nouvelle fois le terrible conformisme des êtres humains, leur servilité, et qui, toutes proportions gardées, nous rappelle le cas Eichmann, dans l’analyse qu’en fait Hannah Arendt :
"Dans son ouvrage, Eichmann à Jérusalem, qui compile ses chroniques de ce procès, Arendt reprend sa théorie du rouage du système et conclut qu’Eichmann n’a montré ni antisémitisme ni troubles psychiques, et qu’il n’avait agi de la sorte durant la guerre que pour « faire carrière ». (...)
Arendt élargit cette constatation à la plupart des criminels nazis, et ce quel que soit le rang dans la chaîne de commandement, chacun effectuant consciencieusement son travail de fonctionnaire ou de soldat plus préoccupé comme tout un chacun par son avancement que par les conséquences réelles du travail. Le fondement de la thèse d’Arendt, construite d’abord et avant tout contre toute interprétation pathologique de ces criminels, reposerait sur l’incapacité de ces hommes à penser, sur un manque d’« imagination » qui les aurait empêchés de se mettre à la place de leurs victimes et d’éprouver ainsi de la pitié (...).
Beaucoup allèrent plus loin dans ce raisonnement en affirmant que chacun, pour peu que les bonnes conditions soient réunies, les bons ordres, les bonnes incitations données au bon moment, pourrait commettre les crimes les plus odieux, mais Arendt refusa quant à elle cette interprétation. Celle-ci fut enrichie par l’expérience Milgram, dont les enseignements demeurent cependant discutés."