lundi 24 octobre 2016 - par maQiavel

Sous pression de l’UE, la Wallonie ne plie pas

La Belgique était sous intense pression pour donner son accord à la signature du Traité de libre-échange UE-Canada, prévue jeudi à Bruxelles, mais les chances de faire plier la résistance de la Wallonie au CETA paraissent désormais quasi nulles. La Belgique est le seul des 28 pays de l'Union européenne qui se trouve dans l'impossibilité de signer le CETA, un accord concernant plus de 500 millions d'Européens, en raison du blocage de cette région francophone du sud du pays de 3,6 millions d'habitants. Paul Magnette, le ministre-président de la Wallonie avait fait savoir, qu'il considérait qu'un tel ultimatum "n'était pas compatible avec le processus démocratique". Il "a toujours refusé de s'installer dans un timing contraignant."

 

Alors que François Hollande se félicite d’une probable adoption prochaine du CETA en France, Paul Magnette, explique devant le Parlement Wallon pourquoi la Belgique ne cédera pas devant les menaces de la Commission Européenne et ne signera pas le CETA :

 

 

Intervention complète du ministre président wallon annonçant son refus de valider le CETA :

 

 

Extrait de son discours sur le débat et la vitalité démocratique : 

 

« C’est pour notre Parlement et la Wallonie, un moment extrêmement important.
Ce dont nous parlons, ici, ce n’est pas seulement d’un traite ? commercial entre l’Union européenne et le Canada. Ce dont nous parlons, ici, c’est de toute la philosophie des échanges commerciaux tels qu’ils se construiront pour les 10, 15, 20 ou peut-être 30 prochaines années.

 

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Cela tombe sur le traite ? CETA mais la discussion que nous avons, au-delà ? de toute l’amitié ? qui nous lie aux Canadiens, est dans le fond une discussion de principe, est une discussion évidemment politique et même, a ? certains égards, une discussion philosophique. Sur le sens même de ce qu’est le commerce et sur la manière dont il faut le mener. C’est pour cela qu’il y a dans ce débat tant de gravite ?.

 

Je commencerai comme vous, Monsieur Jeholet, par vraiment me réjouir du fond du cœur de la qualité ? des débats que nous avons eus dans ce Parlement sur ces sujets et qui font que ces débats qu’aujourd’hui, nous pouvons très sereinement assumer notre opposition a ? l’égard de l’ensemble de nos partenaires qu’ils soient européens ou canadiens.

 

Il y a très peu d’autres parlements qui ont mené ? un débat aussi riche que le notre.S’il y a un débat, ici, en Wallonie (…) c’est que la Wallonie a toujours été ? une terre de grande vitalité ? démocratique. Nous avons des organisations syndicales, des mutualités, des associations, dans tous les secteurs, extrêmement actives, dynamiques, vigilantes, mobilisées qui ont étudié ? ce texte avec beaucoup de sérieux, qui ont consulte ? les meilleurs experts, qui ont remis des avis et qui ont alimente ? nos propres travaux. Cette vitalite ? démocratique de notre propre population, nous ne pouvons pas en faire fi ; nous ne pouvons pas le balayer du revers de la main sous prétexte que nous risquons d’être isolés. Être isolés de sa propre population, être isolés de ses propres citoyens, a ? une époque, au début du XXIe siècle, ou ? la démocratie est déjà ? tellement profondément en crise, ce serait au moins aussi grave que d’être diplomatiquement isolés. Nous devons faire en sorte que ces liens très forts que nous avons soient pre ?serve ?s. 

 

 

Dire, comme Mme Defrang-Firket : « Nous avons un pouvoir formidable, nous avons une socie ?te ? civile qui s’est mobilisée, c’est très bien. Mais enfin bon, a ? quoi bon, laissons tomber, signez, ratifiez et puis allons de l’avant et ignorons tout le travail que nous avons fait », ce se serait remettre en cause nos propres compétences constitutionnelles et notre propre vitalité ? démocratique. A ? quoi sert alors un parlement, s’il faut de toute fac ?on signer, s’il faut de toute façon ratifier ? ». A ? l’inverse, dire : « Mettons tout cela a ? la poubelle, cela ne sert a ? rien de discuter », ce serait non seulement confirmer un isolement complet mais ce serait aussi ne pas utiliser pleinement le pouvoir qui est le notre.

 

Bien sûr, nous utilisons pleinement ce pouvoir mais nous l’utilisons pour obtenir quelque chose, pas juste pour crier non, pas juste pour dire que nous ne sommes pas d’accord. Pas d’accord, pas d’accord, pas d’accord ! Quand on a dit qu’on n’était pas d’accord, il faut ensuite dire ce que l’on veut et il faut utiliser le rapport de force que l’on a construit pour obtenir des concessions qui vont dans le sens de ce que sont nos inspirations et de ce que sont les aspirations de notre population. C’est cela la politique et c’est cela que nous sommes en train de faire. C’est difficile mais malgré ? tout, il faut aller au bout de cet exercice ».

 

Un magnifique exemple de respect des principes de la démocratie à faire connaître à tout le monde !

 

Sources :

- Greg Tabibian

-Blog du plan C

-Le Parisien économie

- J'suis pas content tv

- Tripalio



19 réactions


  • Qamarad Qamarad 24 octobre 2016 16:51

    Pendant ce temps, Flamby livre des secrets d’état, prépare sa garden party et signera le traité après quelques tergiversations d’apparat... Et en face, un peuple mal informé et semi-léthargique...


    • maQiavel maQiavel 24 octobre 2016 17:09

      @Qamarad

      En réalité le peuple Belge est aussi, sinon plus léthargique que le peuple Français et la classe politique Belge est une des plus corrompues qu’il soit (malgré tout le respect que je dois à mon pays d’accueil mais faut voir , c’est hallucinant , même la France est mieux dotée de ce coté là smiley ).

      C’est donc un sursaut ponctuel qu’il y’a eu en Wallonie et en Belgique par extension. Ce genre de sursaut peut aussi arriver en France comme ce fut le cas en 2005 pour la ratification du traité inconstitutionnel.

      Ces sursauts, il ne faut pas les surestimer et les prendre pour plus que ce qu’ils sont, ce n’est pas une révolution des consciences qui a lieu en Belgique en ce moment. Mais il ne faut pas les sous-estimer non plus, car ils peuvent passer selon les contextes du phénomène conjoncturel et ponctuel au phénomène structurel et permanent ( ce que tout le monde appelle « crise de la démocratie » et « populisme » mais qui est en réalité la preuve que les peuples existent encore et ne sont pas totalement zombifiés). C’est ce qui est réellement intéressant à analyser dans cette affaire de mon point de vue. Le peuple et une partie de la classe politicienne peut se retourner contre les projets oligarchiques.

      Ça me conforte dans l’idée qu’on ne sait pas ce qui va arriver dans les années qui vont venir, que tout est possible et cela justifie le combat politique pour la souveraineté que certains pensent perdu d’avance …


    • Qamarad Qamarad 24 octobre 2016 17:17

      @maQiavel

      Sur la réputation de corruption, j’avais étendu des choses semblables... cela ne fait qu’ajouter de la honte : même ce pays divisé, faiblard, corrompu semble plus débattre que nous sur la question. C’est surtout ce que je retiens...


    • maQiavel maQiavel 24 octobre 2016 17:20

      @Qamarad
      Mais cela signifie surtout que si ce pays divisé et faiblard et corrompu peut avoir ce genre de sursaut , dans le notre , le sursaut peut être potentiellement supérieurement puissant. Moi , c’est ce que je retiens ...


    • Qamarad Qamarad 24 octobre 2016 17:23

      @Qamarad

      Et très bonne conclusion. La fin de l’histoire n’est pas pour maintenant. Ça peut basculer très rapidement. Amusant de constater par exemple qu’en 2005, De Villiers n’avait pas préparé de discours de victoire pensant que le référendum passerait obligatoirement smiley


    • Qamarad Qamarad 24 octobre 2016 17:26

      @maQiavel

      Espérons mais le point de bascule ne se fera pas à partir du traité me semble-t-il...


    • maQiavel maQiavel 24 octobre 2016 17:32

      @Qamarad

      Le point de bascule, je ne sais pas comment il pourrait se faire et à mon avis c’est imprévisible, ça peut partir d’une connerie qui va enclencher une réaction en chaîne. On verra bien ce qui va se passer d’ici à 2027 mais je mettrais ma main à couper qu’il se passera quelque chose.

      Espérons et préparons le terrain, faut que ça glisse … smiley


    • Qamarad Qamarad 24 octobre 2016 17:33

      @Qamarad

      Si nous regardons, le camp souverainiste en parle maintenant très peu. Du côté des classes dirigeantes, on avait eu l’intervention au parlement d’un secrétaire d’état menaçant de bloquer les négociations à cause d’un point qui échappe à ma mémoire. Depuis tout semble suivre son cours. Si il y a un coup à jouer, c’est sur les secousses contre l’UE à venir dans les 5 prochaines années. La Deutsche Bank a eu chaud il y a quelques semaines, et si ça peut partir très rapidement, je le vois plus par là...


    • Qamarad Qamarad 24 octobre 2016 17:43

      @Qamarad

      Exact. Quoi exactement ? Impossible de le dire ? Mais rien qu’une amende américaine sur DB avait failli provoquer un séisme monstreux. Voir le cours en direct s’éffondrer de 40 à 11 euros l’action, Merkel déclarant que la banque ne recevrait pas d’aide en pleine crise... Ils vont bien finir par refaire une bêtise du genre qui ira cette fois jusqu’au bout ces cons smiley


    • jeanpiètre jeanpiètre 24 octobre 2016 19:56

      @maQiavel
      si le peuple wallon etait si pourri que cela, il serait français depuis louis XIV !

      la coruption esty le moteur du marché , donc du monde


    • Carmela (---.---.138.40) 25 octobre 2016 12:10

      @maQiavel

      Bonjour,

      "On verra bien ce qui va se passer d’ici à 2027 mais je mettrais ma main à couper qu’il se passera quelque chose."

      Je n’ai pas tout suivi... pourquoi cette date de 2027 ?

      "Espérons et préparons le terrain, faut que ça glisse"

      Merci pour vos contributions si bien éclairées, si elles pouvaient faire avalanche sur la France aussi.... smiley

      Allez, un petit morceau musical pour la forme, ça shuss tonic smiley


  • Heimskringla Heimskringla 24 octobre 2016 17:01

    Un comble venant des états unis de Belgique. Pour ma part je vois ça comme une manoeuvre "populiste" pour mettre la pression sur l’opposition qui est au pouvoir et ainsi, regagner le pouvoir. 


    Il passera d’une façon ou d’une autre à mon avis. Ne pas crier victoire trop vite. 

  • redux (---.---.196.50) 24 octobre 2016 17:04

    bah, ca n ’est qu’une question de temps, faut attendre l’alternance


  • sls0 sls0 24 octobre 2016 17:20

    Le village des irréductibles gaulois d’après les bandes dessinées c’est en Bretagne avec Astérix.
    Si on regarde plutôt le coté historique, celui qui foutait la frousse aux romains c’est Ambiorix le chef des éburons. j’ai l’impression que face à l’empire (du fric) ils remettent cela 2000 ans plus tard.

    Un flash, je viens de m’imaginer Hollande en irréductible gaulois, une caricature !


    • Qamarad Qamarad 24 octobre 2016 17:46

      @sls0

      Et l’ambriorix des temps modernes habite à Néchin quand il ne dîne pas avec Poutine. Mais tout colle smiley


    • sls0 sls0 25 octobre 2016 00:25

      @pegase
      A noter que les Ardennes Belges étaient très prisées pour

      Lors de mes balades dans les Ardennes j’appréciais la beauté de l’aconit napel. Les éburons l’employaient pour leurs flèches ça explique aussi la peur bleu, dans les compte rendus il n’y avait rien dans la case ’’blessés’’ malgré que coté soins les romains ce n’étaient pas des rigolos.
      Coté stratégie ils étaient bons, on attaque d’abord la logistique ensuite on attaque surtout pas comme apprécient les romains. Les romains en colonne ils n’étaient pas trop bons, en belgique et en Allemagne la colonne ça souvent fini pas un massacre.
      Ils étaient aussi très audacieux sans être suicidaires.


    • Heimskringla Heimskringla 25 octobre 2016 12:01

      "Bien qu’ils soient considérés comme Belges, un des peuples de la Gaule, Jules César dit que les Condruses, Eburons, Caeraesi, Paemani et Segni ont été appelés du nom de Germani et s’étaient installés il y a quelques générations, venant de l’autre côté du Rhin. Les Eburons sont donc considérés comme des Germani cisrhenani, à savoir des peuples germaniques qui vivaient au sud et à l’ouest du Rhin et distincts des Belges. Bien que les tribus de la Gaule belgique aient été influencées par les cultures gauloises et germaniques, les autres éléments d’identification par exemple les langues qu’ils parlaient, restent incertains. Il est encore question de la possibilité que ces Germani ne soient pas « allemands » en termes de langue et l’ascendance. Certains arguments semble établir qu’ils parlaient une langue celtique."


    • sls0 sls0 27 octobre 2016 03:08

      @Heimskringla
      Dans le Limbourg, quelques expressions du langage courant datent de cette époque.
      On ne les considère pas comme belges, la Belgique pas plus que la France n’existaient.
      Après les dérouillées que se sont pris les romains, ils étaient assez furax au point d’avoir des idées génocidaires. Ambiorix à dit à ses troupes de se retirer dans les marécages (la Flandre de l’époque) et la forêt (les Ardennes de l’époque) où la guérilla qui ne correspondait pas à la stratégie romaine était plus facile.

      Ca permet de situer leur zone de vie et de repli.

      Le Limbourg où l’on retrouve des expressions de l’époque on y parle flamand qui est une langue germanique de Belgique.
      Celtes ou germains, c’est la question, savoir s’il étaient belges n’est pas une question, ils résidaient en grande partie sur le territoire de la Belgique actuelle. Le territoire belge actuel c’est une histoire de religion qui l’a taillé il y a moins de deux siècles.

      Enfant je résidais coté Flandre donc germaine, le 30 octobre on fêtait un fête style hallowen et des petits cousins qui résidaient coté non germain dans les Ardennes ne connaissaient pas cette fête. En regardant des contes belges du 18-19ème siècle, il y avait souvent des ogres qui sont un peu la marque de fabrique du monde celte.

      Par rapport à mon expérience personnelle je serai infoutu de dire si c’est celte ou germain, pour la fête style hallowen, beaucoup de termes germains ou flamands étaient employés.

      Le patois picard employé dans le nord emploie pas mal de termes gallo-romains ce qui indique une influence romaine.

      En 1302, c’est au tour de Philippe le Bel de se prendre une tannée dans le coin par des milices villageoises (bataille des éperons d’or), une méthode style Ambiorix ne pas faire comme l’ennemie voudrait que l’on fasse.


  • zygzornifle zygzornifle 18 décembre 2016 14:34

    Leur Manneken Pisse au cul de Bruxelles et c’est tant mieux....


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