Quand la chimie contamine notre eau : lutter contre la pollution et la privatisation
..."des concentrations en antibiotiques un million de fois supérieures à la normale. Maladies chroniques, fausses couches, naissance de nourrissons handicapés se multiplient."
Deux documentaires indispensables pour appréhender les dangers qui menacent l'eau, cette substance "miraculeuse" indispensable à la vie sur Terre...
Quand la chimie contamine notre eau - La menace invisible
et
Water Makes Money - Le Business de l’eau et ses marchands
En Bonus, 2 autres documentaires et une conférence :
Nestlé et le business de l’eau en bouteille,
Le hold-up de l’eau,
et
L’eau une molécule-clé pour le vivant et la biodiversité
Quand la chimie contamine notre eau
Peut-on boire sans crainte l’eau du robinet ? C’est ce qu’affirme Janez Potocnik, commissaire européen en charge de l’environnement. Mais les scientifiques qui analysent les substances rejetées dans nos eaux se montrent plus réservés. En effet, ils observent chez les poissons et les amphibiens des troubles de la masculinisation, des hypertrophies du foie et des branchies... Chez l’homme, les phénomènes d’allergies et de résistance aux antibiotiques progressent. La biologiste Barbara Demeneix a décelé dans l’eau des molécules perturbant le fonctionnement de la thyroïde. Écotoxicologue, Peter von der Ohe plaide pour une révision des protocoles expérimentaux d’analyse des eaux : selon lui, trop peu de substances sont testées, et sans que les équilibres complexes de la chaîne alimentaire ne soient pris en compte. Résultat : les estimations des seuils de tolérance à ces substances sont trop hauts et le scientifique estime que seules 15% de nos eaux sont propres. Mais dans les pays en voie de développement, la situation est plus dramatique encore : en Inde, où l’industrie pharmaceutique européenne a délocalisé une partie de sa production, le chercheur Joakim Larsson a mesuré des concentrations en antibiotiques un million de fois supérieures à la normale. Maladies chroniques, fausses couches, naissance de nourrissons handicapés se multiplient. Un constat qui invite à se mobiliser : les scientifiques en appellent à la responsabilité des industriels et aux autorités administratives et explorent des solutions pour dépolluer l’eau.
(Allemagne, 2012, 52mn)
ZDF
Water Makes Money - Le Business de l’eau et ses marchands
L´irrésistible expansion des privatiseurs mondiaux de l´eau ?
À l´échelle mondiale l´approvisionnement en eau est encore à plus de 80% public. Mais partout où des communes à court d´argent cherchent un soulagement financier, Veolia et Suez, les 2 multinationales les plus importantes, frappent à la porte. Veolia à elle seule, a réussi, pendant les 10 dernières années à prendre en charge l´approvisionnement de plus de 450 villes allemandes ou d´y prendre des participations. Entre temps la multinationale française et ses participations dans l´assainissement et l´eau potable se trouve être pratiquement le distributeur d´eau le plus important en Allemagne à égalité avec Gelsenwasser.
Ces succès expansionnistes sont identiques en Pologne, dans les républiques baltes, Lettonie, Estonie, Lituanie, en Tchéquie, en Slovaquie, en Italie, en Espagne, aux Etats-Unis et même en Chine où Veolia proclame constamment la signature de nouveaux contrats. Lorsque en Californie il y a risque de pénurie d´eau, Schwarzenegger reçoit Henri Proglio, le PDG de Veolia. C’est à lui que s’adresse en premier lieu le président chinois lorsque ce pays décide d´un programme de 100 milliards de dollars pour le renouvellement du système de traitement des eaux usées.
Veolia et Suez sont présents dans 69 pays sur les 5 continents. Est-ce l´ascension irrésistible de deux géants de l´eau, traçant leur voie en direction de l´hégémonie mondiale d´une eau privatisée ?
COMMENT LES MULTINATIONALES TRANSFORMENT L’EAU EN ARGENT
Les groupes français Veolia et Suez sont les leaders incontestés du marché mondial de l’eau privatisée. Dès qu’une commune cherche à remanier sa gestion de l’eau, les deux plus importants groupes mondiaux se disputent le marché. Ils sont présents sur tous les continents et constituent un oligopole qui pèse sur toute la surface du globe. En France, ils approvisionnent près de 80 % de la population en eau.
Water makes Money retrace le processus qui a conduit à l’abandon des régies publiques, encouragé par « le droit d’entrée » : une pratique consistant, pour les opérateurs privés, à mettre à disposition des communes une confortable somme d’argent afin de s’assurer la conversion au modèle du partenariat public-privé (PPP). Ces mariages d’intérêt ne sont pas restés sans conséquences pour les usagers : factures en constante augmentation, canalisations non entretenues... La longue liste de doléances a incité certaines municipalités, à l’instar de Paris et Grenoble, à choisir la « recommunalisation » pour protéger la ressource en amont et offrir aux habitants un service de qualité.
En France, mais aussi en Allemagne, au Kenya ou au Guatemala, par la voix d’experts tels que Maude Barlow, lauréate du prix Nobel alternatif, d’élus locaux dont Anne Le Strat, adjointe au maire de Paris chargée de l’eau, et de représentants d’associations de consommateurs, Water makes Money alerte sur les dangers liés à l’hégémonie de Veolia et Suez, qui se traduit par une présence grandissante des multinationales dans les médias, les partis politiques, les ONG et les universités… En éclaircissant les pratiques obscures des grands groupes privés et en montrant l’importance des décisions publiques, le documentaire Water makes Money cherche à alimenter le nécessaire débat sur la gestion de l’eau, ressource vitale universelle et objet des prochains troubles mondiaux…
Documentaire de Leslie Franke et Herdolor Lorenz
Coproduction : Kernfilm, La Mare aux Canards, Achille du Genestoux, ZDF/ARTE
En Bonus :
Nestlé et le business de l’eau en bouteille
Comment transformer de l’eau en or ? Une entreprise détient la recette : Nestlé, multinationale basée en Suisse, leader mondial de l’agroalimentaire, grâce notamment au commerce de l’eau en bouteille, dont elle possède plus de soixantedix marques partout dans le monde (Perrier, San Pellegrino, Vittel ou Poland Spring aux états-unis).
Pour le président du CA, Peter Brabeck, l’eau, fer de lance d’une stratégie planétaire, peut "garantir encore cent quarante ans de vie" à l’entreprise. Malgré le refus de collaborer opposé par la direction, Res Gehriger et Urs Schnell dévoilent les coulisses de ce marché qui brasse des milliards. Des États-Unis au Nigeria en passant par le Pakistan, ils explorent les circuits de l’eau en bouteille, mettant en lumière les méthodes parfois expéditives du plus puissant groupe agroalimentaire de la planète.
Ils montrent qu’elles reposent sur une question cruciale, objet dans nombre de pays d’un vide juridique dont les avocats et
lobbyistes de la firme savent tirer profit : à qui appartient l’eau ?
Bien public, gains privés
Dans le sillage de Res Gehriger, présent à l’écran, cette enquête minutieuse aux images soignées donne la parole à de très
nombreux protagonistes sur trois continents, usagers ou militants, adversaires et partisans de Nestlé. Peter Brabeck lui même y défend avec vigueur son point de vue (éloquent, comme quand il qualifie d’"extrémiste" l’idée que l’eau doit rester un bien public), par le biais de ses nombreuses interventions publiques.
Les mêmes problèmes de pillage de l’eau du sous-sol et la pollution qui s’en suit sont provoqués par une autre multinationale sans vergogne : Coca-Cola. Les cas de ses usines au Mexique et en Inde sont éloquents...
L’eau une molécule-clé pour le vivant et la biodiversité
Colloque de l’Orme du 19/01/2012 par Gilles Boeuf, Président du Muséum National d’Histoire Naturelle et Université Pierre et Marie Curie - Paris 6 / CNRS, Laboratoire Arago, Banyuls-sur-Mer.
Les océans couvrent 71 % de la surface de la Terre et offrent plus de 90 % du volume disponible pour le vivant. L’eau y est salée (osmolarité 1050 mOsm.l-1). Les espèces vivant dans le milieu marin (environ 250 000) représentent environ 13 % du nombre des espèces sur notre planète. Il y a un peu moins de 4 milliards d’années, la vie est apparue dans l’océan ancestral. Des évènements déterminants s’y sont déroulés : l’apparition du noyau cellulaire, la pluricellularité (métazoaires), capture de micro-organismes devenus par symbiose les organites. Plus tard, la sexualité, « extraordinaire machine » à générer de la diversité, s’y est développée. Les différences fondamentales entre la vie dans l’eau et la vie dans l’air résultent de différences physiques entre ces milieux (densité et viscosité des fluides, capacité thermique, contenu en oxygène... et présence d’eau à l’extérieur ou non). Solvant biologique universel, la masse d’eau représente de 4 %, pour les formes de résistance (graines par exemple), à plus de 98 %, pour certains groupes aquatiques, chez les organismes vivants. Malgré son caractère déterminant pour le vivant, cette eau est souillée et gaspillée
Le hold-up de l’eau
Réalisation :: Neil Docherty
Maison de production :: Société Radio-Canada / Office national du film du Canada
L’approvisionnement en eau pose problème dans le monde. Une personne sur quatre n’a pas accès à de l’eau potable. Nombre de gouvernements n’ont pas les ressources ou la volonté nécessaires pour offrir à leur population cet élément essentiel à la vie. Ces dernières années, une poignée de grosses entreprises ont perçu la crise et y ont vu une occasion de brasser de lucratives affaires. Si bien que, des déserts de la Californie aux rues de Soweto en passant par des milliers d’autres villes du monde - souvent avec le concours de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international - ces entreprises tentent de privatiser cette ressource considérée par la masse comme un bien public. Le hold up de l’eau est une enquête sur les résultats de ces efforts de privatisation dans plusieurs lieux névralgiques et rend compte de ce que nombre de personnes voient comme la première bataille d’une guerre à mener dans les années qui viennent.
Le Canada est aussi particulièrement concerné par la pollution de l’eau due à l’exploitation des sables bitumineux :
De l’or bleu à l’or noir : le cercle vicieux des sables bitumineux
Pour produire du pétrole à partir des sables bitumineux canadiens, il faut de l’eau, beaucoup d’eau... L’industrie pétrolière puise donc abondamment dans les rivières formées par la fonte des glaciers (la rivière Athabasca). Et cette eau transformée en boues toxiques finit sa course, au mieux dans des gigantesques bassins de décantation (avec des digues qui peuvent fuir, ou ne pas résister à la pression...), ou au pire directement à même le sol des forêts canadiennes...
Agissons comme il faut pour protéger notre eau à la source
Ne laissons pas quelques multinationales piller cette ressource
Nos vies valent beaucoup plus que leurs profits en bourse